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Exposition "Debussy, la musique et les arts" - La fête de l’oeil et de l’intelligence
Catalogué de longue date parmi les "impressionnistes", Claude Debussy est, de fait, l’un des grands "imagiers" de la musique française. Bref, un compagnon de route de nos peintres du même nom. A l’occasion du cent cinquantième anniversaire de la naissance du musicien, on comprend que le musicologue Jean-Michel Nectoux, grand debussyste devant l’Eternel, ait réussi à persuader les responsables des musées d’Orsay, temple de la peinture impressionniste, et de l’Orangerie, dépositaire des Nymphéas de Claude Monet de l’autre côté de la Seine, de s’allier pour une évocation exemplaire de ceux qui influencèrent Debussy et forgèrent son goût.
Des Images, des Pas sur la neige, des Poissons d’or, de Nuages à La Mer en passant par tous ces tableaux de notes qui dansent dans notre mémoire musicale, tous évoquaient déjà pour nous des chefs-d’œuvre de la peinture. Mais un peu à la façon de Marcel Proust dans La Recherche. Autre chose est de se trouver confronter soudain à un éclair ensoleillé de Turner, à un clair-obscur de Vuillard, aux couleurs pastel de Maurice Denis ou à l’étrangeté d’Odilon Redon. C’est même la démarche, le chemin exactement inverse qui nous est proposé ici : c’est l’oeil cette fois qui titille l’oreille !
C’est donc un grand livre d’images qu’on dirait familières qui a traversé la Seine, d’Orsay à l’Orangerie, mais point dans le désordre. Si l’on est surpris par telle rencontre proustienne, n’ayez crainte, elle est voulue par le chef d’orchestre de ces souvenirs et de ces tableaux Jean-Michel Nectoux ! Toutes ces beautés et ces boîtes à joujoux à double fond sont rangées dans l’ordre où le musicien les a découvertes, des Antiques de la Villa Médicis à Rome à l’Art Nouveau né de la révélation des estampes japonaises. Une demi-douzaine de chapitres rythment votre parcours avec juste ce qu’il faut savoir inscrit sur les murs. Après, libre à vous d’aller en zigzags picorer tel portrait entraperçu ailleurs dans un autre contexte, et qui prend ici une autre prégnance.
Le visage de Debussy se décline aussi, des peintures les plus connues aux plus discrètes. On trouve par ailleurs les portraits de contemporains croisés dans les salons. Des tableaux plus surprenants aussi, de Munch au Klimt de la Sécession viennoise, car, ne nous en déplaise, l’Europe des cervelles existait déjà : un certain Dr Freud venait suivre les cours de Charcot à la Salpêtrière au milieu de femmes hystériques, ces petites soeurs de Mélisande… Et puis, à la sortie du souterrain consacré à Debussy, vous déboucherez sur les salles sublimes des Nymphéas de Claude Monet, roi des lieux, sans être autrement surpris, car vous n’y êtes peut-être pas si loin des énigmatiques Jeux de Claude de France.
Bonne visite : ouvrez l’oeil et l’oreille !
Jacques Doucelin
"Debussy, la musique et les arts"
Paris - Musée de l’Orangerie
Jusqu’au 11 juin 2012
Ouvert tous les jours de 9h à 18h, sauf mardi.
www.musee-orangerie.fr / www.musee-orsay.fr
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Photo : © ADAGP, Paris 2012 © RMN (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
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