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Fédération de Festivals de Musiques Classiques en Bretagne – De l’importance du faire-savoir
Excellent conseiller que le vent qui passe. Les festivals classiques bretons sont complètement à l’ouest, mais n’en font pas moins preuve d’un sens affirmé de leur intérêt commun. « L’union fait la force », titrions-nous en 2009 lorsque Michel Legrand, alors porte-parole des festivals bretons, et par ailleurs Directeur artistique des Semaines Musicales de Quimper (fonctions dans lesquelles il a passé la main au compositeur Christian Lauba il y a deux ans), avait répondu à nos questions.
La formule vaut tout autant aujourd’hui, mais l’organisation s’est structurée et affinée. En 2008-2009 naissait une sorte de « club » regroupant une bonne vingtaine de festivals. « Nous partions du constat que les médias ignoraient complètement les festivals de musique classique bretons, explique M. Legrand ; nous avions le savoir-faire, il nous manquait le faire-savoir. Nous nous sommes donc réunis pour communiquer mieux et plus fortement. 2010 a constitué un cap important avec la création de la Fédération des Festivals de Musiques Classiques en Bretagne. Un pluriel qui a fait l’objet de longues discussions et entend souligner la diversité des propositions “classiques “, de la musique ancienne au contemporain.»
« Cette structure nous permettait d’avoir une existence officielle et donc de percevoir des aides et des subventions. Nous avons ainsi obtenu le soutien la Région Bretagne, de la Caisse des Dépôts, du Crédit Mutuel de Bretagne et de l’assureur Groupama. D’une durée de deux ans, l’apport de ces trois derniers a compté dans la mise en route de notre projet. La subvention de la Région (15000 €) demeure et, dans notre budget, viennent s’ajouter les cotisations des festivals adhérents (29 actuellement), d’un montant de 300 à 500 € selon l’importance du festival. »
Celui qui préside désormais la Fédération se réjouit de la fidélité des Pianos Valat, une entreprise morlaisienne, et du relai médiatique apporté par France 3 Bretagne, France Musique et d’autres médias avec lesquels des accords ont été passés. Les soutiens privés manquent en revanche : « c’est un problème général en Bretagne, la plupart des entreprises s’orientent vers des activités plutôt sportives : le culturel manque de soutiens. Ce ne sont pourtant pas les grandes entreprises de dimension internationale qui manquent (ex. Bolloré, Armor-lux, Yves Rocher, etc.). Nous les avons sollicitées, mais sans succès. On ne peut que le regretter quand on voit comment certaines entreprises soutiennent de façon très forte des festivals du sud de la France … »
Marwan Dafir © DR
Il reste que la synergie produite par le regroupement des festivals bretons se traduit de façon concrète pour le mélomane. Pour l’achat d’un billet dans une manifestation, il bénéficie en effet du tarif réduit dans un des autres festivals adhérents. Les effets se manifestent également sur le plan artistique : « nous souhaitions que la Fédération soit un tremplin pour de jeunes musiciens et nous nous sommes associés au Concours international de Piano de Brest, qui a lieu en février-mars. Chaque année, le 1er Prix est engagé dans quelques-uns de nos festivals ; il s’agit cette fois de Marwan Dafir. »
Par ailleurs, des artistes tels que François-Frédéric Guy ou Michel Portal seront présents dans plusieurs manifestations cet été et l’on pourra retrouver des spectacles donnés aux Opéras d’été de Dinard dans d’autres cadres : Festival Transat en Ville (Rennes), Festival des Chapelles et Manoirs (Plounez), etc.
Le mois de juillet n’étant pas encore terminé, M. Legrand se garde de tirer un quelconque bilan - la grande période des festivals bretons s’étale en effet de la mi-juillet à septembre. « Mais, constate-t-il non sans satisfaction, un jeune festival tel que les Musicales de Redon, qui s’est achevé il y a peu, a augmenté sa fréquentation de 42% cette année. La Fédération offre aux petits festivals, à ceux qui débutent une possibilité de communiquer de façon beaucoup plus importante que s’ils étaient tout seuls - et ce pour une somme très modique. »
Quant à l’avenir des festivals bretons, M. Legrand fait un appel du pied à une nouvelle génération de bénévoles. « Si certains festivals sont dirigés par des professionnels, la grande majorité d'entre eux l'est par des bénévoles. Confrontées au vieillissement de certains de leurs membres, les équipes ont parfois du mal à se renouveler. Et nous aimerions être soutenus de façon plus importante par les collectivités locales et régionales ; certains festivals ne reçoivent aucune aide, d'autres voient les subventions sensiblement réduites. »
Il reste que les projets ne manquent pas. Après la fin de la saison, les membres de la Fédération se réuniront pour plancher sur un projet de parcours musical en Bretagne sur le modèle de la Route des peintres. La collaboration entre les festivals pourrait aussi se concrétiser par des commandes à des compositeurs. Pour l’instant, on peut déjà consulter un site qui recense de manière exhaustive les informations et souligne la vitalité du classique en Bretagne.
Alain Cochard
(Entretien avec Michel Legrand réalisé le 21 juillet 2014)
Site de la Fédération des Festivals de Musiques Classiques en Bretagne: www.festivals-musiques-classiques-bretagne.com
Photo : Un piano... à Ouessant © Hélène Segré
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