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Festival de Bregenz - Opéra et Constance
Bregenz vous connaissez ? Blottie sous le mont Pfänder, lovée au bord du Lac de Constance, la capitale du Voralberg, le petit frère jumeau du Tyrol, s’est inventée depuis prés d’un demi- siècle (déjà !) un festival partagé entre théâtre et musique. Tour de force car aucune infrastructure ne permettait à l’origine d’y produire des spectacles et encore moins d’accueillir les foules de mélomanes et de touristes qui s’y donnent rendez vous. Il faut dire que l’endroit est pratique ; en sortant par l’est de la ville on se trouve immédiatement en Allemagne, et la Suisse n’est qu’à cinq kilomètres. Le cadre est enchanteur, et les organisateurs ont vite compris que le lac en était l’attrait principal. Ils bâtirent donc une gigantesque scène flottante, profitant de l’écrin naturel. Festival de plein air et qui le resta uniquement un certain temps jusqu’à ce que la ville se dote d’un imposant Festspielhaus, témoignage d’un souci de rivaliser avec Salzbourg.
Cette année encore le maître des lieux côté Opéra reste David Poutney, chez lui dans ses grands espaces. On attend rien de particulier de son Aïda, troisième opéra de son cycle Verdi (après un Nabucco (photo) qui a fait couler beaucoup d’encore en 1993 et en 1999 un Bal masqué un peu abandonné dans l’immensité malgré son faste) qui prend d’assaut le lac évidemment. Mais l’on sait que s’il veut y ériger les pyramides la place ni les moyens ne lui feront défaut. Représentations tous les soirs du 22 juillet au 23 août, essayez de réserver pour le cast suivant (trois différents alternent) : Catherine Nagelstadt en Aida, Ruben Pelizzari en Radames, l’Amneris de Marie José Montiel (celle de Iano Tamar vaudra aussi le détour), l’Amonastro de Quinn Kelsey, de préférence Carlo Rizzi à la baguette.
Au Festpielhaus c’est une toute autre histoire. David Poutney servira une partition qu’il a souvent déclaré aimer plus que toute autre, ce Roi Roger de Karol Szymanowski que Krysztof Warlikowski vient de sacrifier à Bastille sur l’autel de ses facilités. Distribution de choix, Scott Hendricks dans le rôle titre (qui chanta certains soirs à la Bastille), hélas pas Anne Schwanewillms pour Roxane mais Olga Pasichnyk, John Graham-Hall en Edrisi et le très attendu Berger de Willy Hartman, tous sous la baguette experte de Mark Edler. Oui mais attention, quatre représentations seulement (les 23, 26 juillet, les 1er et 3 août), si vous ne pouvez y être consolez vous, la production figure à la saison prochaine du Liceo de Barcelone.
Comme les organisateurs ont de la suite dans les idées, ils profitent de la présence en résidence des Wiener Symphoniker, depuis le début l’orchestre du Festival, pour proposer un petit cycle Szymanowski : le 27 juillet Paul Daniel dirigera la 3e Symphonie et le Stabat Mater, le 2 août Kirill Petrenko et Emmanuel Ax proposeront la Symphonie concertante, qui voisinera avec le Poème de l’Extase de Scriabine.
Autre concert, le 10 août Markus Stenz dirigera une distribution de luxe pour le second acte de Tristan : Robert Gambill, Violetta Urmana, Petra Lang et Günther Groissböck… A vos embarcations.
Jean-Charles Hoffelé
Festival de Bregenz
Du 22 juillet au 23 août 2009
www.bregenzerfestspiele.com
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Photo : DR
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