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Festival de Prades - François Salque = Voja Cello - Compte-rendu
Il en va des programmes de concerts comme des menus, tout est affaire de mariage et d’équilibre. Outre les qualités des interprètes, l’intelligence de la construction du programme « A la hongroise » donné au Festival de Prades est pour beaucoup aussi dans la réussite d’une soirée à l’abbaye Saint-Michel de Cuxa. Elle restera longtemps gravée dans le mémoire des auditeurs qui ont eu le privilège d’y assister.
Avec le rondo final « à la hongroise » qui a tant fait pour sa célébrité, le Trio avec piano en sol majeur Hob. XV/ 25 fournit une introduction idéale à une soirée qui va vite gagner en densité. Erika Raun, Yvan Chiffoleau et Jeremy Menuhin abordent l’ouvrage de Haydn avec une fraîcheur et une tonicité idéales. Une conversation amicale dont le naturel et la spontanéité vont toujours de pair avec la plus parfaite exigence stylistique : un vrai nectar !
Compositeur en résidence à Prades cette année Krystof Maratka, dont on a découvert en création l’émouvant Quatuor à cordes l’avant-veille (lire notre compte-rendu), est à nouveau programmé. Un sacré défi attend François Salque (photo) avec Voja Cello. Ce « Grand Solo pour violoncelle » daté de 1999 et créé en janvier 2000 par Salque au TCE est devenu de facto la propriété exclusive du violoncelliste française. Pas mal de collègues ont en effet tenté d’inscrire à leur répertoire cette composition d’une difficulté effroyable… et s’y sont cassé les dents, ne dépassant pas le premier volet d’un vaste ouvrage en quatre parties inspiré par la musique tzigane. « Le titre de l’œuvre fait référence à l’état d’âme d’un musicien qui joue des improvisations d’une grande virtuosité pour inciter les autres à le suivre », précise Maratka au sujet de Voja Cello. Par-delà la difficulté technique, qui dans cette pièce de jeunesse comme dans des réalisations plus récentes, ne constitue jamais une fin en soi, le compositeur procède à une totale et fascinante appropriation de l’instrument. Avec une diversité de couleurs et une précision rythmique hallucinantes, Salque embrase Voja Cello et rappelle, avec autant d’autorité que d’humanité, qu’il se range parmi les très grands violoncellistes d’aujourd’hui.
Quatuor de choc que celui spécialement formé par Koyko Takezawa, Bruno Pasquier, Arto Noras et Itamar Golan pour interpréter le Quatuor avec piano n°1 de Brahms en seconde partie. Comme dans le Trio de Haydn, l’esprit de Prades à son meilleur anime l’Opus 25. Un Brahms de lyrisme et de feu : autour de la colonne vertébrale fournie par le piano généreux sans être envahissant d’I. Golan s’édifie une interprétation toute de clarté, d’élan et de cœur.
Alain Cochard
Prades, abbaye Saint-Michel de Cuxa, 3 août 2012
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Photo : Nemo Perier Stefanovitch
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