On ne s’en plaindra pas, le Triptyque de Puccini, longtemps relégué dans la poussière des réserves à décors, retrouve depuis quelques saisons les chemins de la scène : après Toulouse, après Paris, voici que Lyon propose la trilogie, soit en elle-même en une soirée, soit couplée en trois soirées à trois opéras brefs signés Hindemith (Sancta Susanna), Schoenberg (Von Heute auf Morgen), Zemlinsky (Une tragédie florentine dans la régie de Georges Lavaudant, déjà vu in loco dans le cadre du Festival des opéras en un acte).

La confrontation est claire : le lyrisme de l’opéra italien à son sommet opposé aux propositions modernistes de l’école de Vienne ou de la Nouvelle Objectivité allemande. Mais elle brouille plus les cartes qu’on pourrait le croire, car Von Heute auf Morgen (1930) de Schoenberg est stricto sensu une scène bourgeoise où, rentrés d’une soirée, mari et femme se rendent jaloux en s’avouant qu’ils ont appréciés un autre couple. Schoenberg a beau habiller tout cela en style moderne – il décrit l’œuvre comme une farce dodécaphonique - on est loin du moindre début de révolution.
Drame du couple encore dans Une Tragédie florentine (1917) de Zemlinsky où la jalousie va jusqu’au meurtre. Mais là encore la musique opulente et saturée dont le compositeur habille la pièce de Wilde est plus nostalgique dans ses lacis symbolistes que tournée vers l’avenir. Finalement c’est contre attente Sancta Susanna (1921), écrit par Hindemith dans un langage partagé entre objectivité et expressionnisme, qui revendique son XXe Siècle, par son langage comme par son sujet largement freudien.

Pour le Triptyque, que Puccini peaufina longuement (1912-1918) et où il résume une bonne part de son théâtre lyrique, Serge Dorny a confié la mise en scène à l’excellent David Pountney. John Fulljames est à la régie pour Von Heute auf Morgen et pour Sancta Susanna. L’orchestre est confié pour Puccini à Gaetano d’Espinosa (en remplacement de Lothar Koenigs, initialement prévu), et pour les œuvres allemandes à Bernhard Kontarsky. Beaucoup de chanteurs à découvrir. On guettera particulièrement la Suor Angelica de Csilla Bross et Werner van Mechelen qui se frotte à Michele et à Gianni Schicchi !

Jean-Charles Hoffelé

Festival Puccini Plus
Du 27 janvier au 13 février 2012
Lyon - Opéra
www.opera-lyon.com

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Photo : DR