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Gergely Madaras et l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège au 75e Festival de Besançon – La Faust-Symphonie, version originelle
Pas de Concours international de jeunes chefs d’orchestre à Besançon cette année, mais la manifestation franc-comtoise promet toutefois de faire les délices des amoureux de musique symphonique et ce dès le commencement de l'édition marquant ses trois quarts de siècle d'existence. Le traditionnel concert d’ouverture gratuit en plein air aux Prés-de-Vaux revient en effet cette année à l’Orchestre Français des Jeunes mené par Michael Schønwandt – grand chef dont le travail à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Montpellier a produit les résultats que l’on sait – pour un concert qui conclut la tournée de fin de session d’été de la phalange école(1)
Baguette admirable et expérimentée, grandes qualités humaines : le maestro danois est l’homme de la situation pour mener ses jeunes troupes dans un programme populaire au meilleur sens du terme, qui réunit le Carnaval romain de Berlioz, la Symphonie espagnole de Lalo (sous l’archet de Sarah Nemtanu), D’un matin de printemps de Lili Boulanger, et la 2e suite de Daphnis de Ravel.
Au lendemain de ce rendez-vous inaugural, une proposition plus rare attend l’auditeur avec le venue à Besançon de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège et de son directeur musical Gergely Madaras (photo). Les célébrations du bicentenaire César Franck ont donné l’occasion de saluer les qualités d’une des très belles formations européennes d’aujourd’hui et d’un chef que l’on a applaudi en fin de saison dernière, à Liège et à Paris, lors de la résurrection de Hulda (2). « 27 ans seulement ; on entendra sûrement reparler de Gergely Madaras... » : écrivions-nous en septembre 2011 au terme de la finale du 52e Concours de Besançon.(3) L’artiste hongrois – que Daniel Weissmann, directeur général du Philharmonique de Liège depuis 2015, avait d’ailleurs repéré à lors de la compétition – a pleinement tenu ses promesses !
Pour son retour à Besançon, Madaras a choisi la Faust-Symphonie de Franz Liszt. Le compositeur est certes très célèbre mais, exceptés quelques poèmes symphoniques, sa production orchestrale demeure méconnue. La Faust-Symphonie (1854), d’une année postérieure à l’achèvement de la Sonate en si, constitue pourtant un accomplissement magistral de la part celui qui, installé à Weimar et las de sa jeunesse itinérante, avait décidé de briser sa « chrysalide de virtuose ». Eine Faust-Symphonie in drei Charakterbildern (Une Symphonie sur Faust en trois portraits psychologiques) : le titre complet rappelle que la partition fut originellement conçue en trois parties correspondant aux trois principaux protagonistes de la pièce de Goethe (Faust, Marguerite, Mephistopheles) et que, si Liszt a par la suite couronné sa composition d’un mouvement avec chœur et ténor solo, elle constitue déjà dans sa première mouture l’une des plus belles rencontres – elles ont pourtant été nombreuses ! – entre la musique et Faust.
On fait toute confiance à la baguette ardente et subtile de Madaras pour en révéler les beautés au cours d’une soirée qui débutera par le Concerto pour la main gauche de Ravel, confié à Philippe Cassard. Un choix on ne peut plus cohérent quand on se souvient de la dette du Français envers le virtuose compositeur, et du Main gauche envers le Second Concerto.
Florian Noack © Green Rooms Creatives - Gerrit Schreurs
La contribution de l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège et Gegely Madaras au 75e Festival ne s'arrêtera d'ailleurs pas là ; dès le 11 septembre on les retrouvera à la Commanderie de Dole (16h30) dans un non moins séduisant programme rassemblant des pages de Markeas (Mère Amère), Franck ( Les Djinns et les Variations symphoniques, sous les doigts de Florian Noack) et Tchaïkovski (5e Symphonie).
Alain Cochard
(1) www.ofj.fr/fr/concerts/concerts.html
(2) www.concertclassic.com/article/hulda-de-cesar-franck-en-version-de-concert-liege-reprise-paris-le-1er-juin-saisissant-opera
(3) www.concertclassic.com/article/52eme-concours-de-jeunes-chefs-dorchestre-de-besancon-une-nouvelle-victoire-japonaise-compte
75ème Festival de Besançon
Du 9 au 18 septembre 2022
festival-besancon.com/
Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Gergely Madaras (dir.) / Philippe Cassard ( piano)
Œuvres de Liszt et Ravel
10 septembre – 20h
Besançon – Théâtre Ledoux
Œuvre de Markeas, Tchaïkovski et Franck (avec Florian Noack, piano)
11 septembre - 16h30
Dole - La Commanderie
festival-besancon.com/programme-2022/
Photo © László Emmer
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