Familier de l’Orchestre de Paris qu’il avait souvent dirigé dans les années 1980-1990, le chef américain James Conlon ne s’était plus produit avec cette formation depuis une quinzaine d’années. Pour son retour, il propose un programme original où des œuvres de son compatriote Samuel Barber voisinent avec des pages de Claude Debussy et de Francis Poulenc.

Rondement menée, l’Ouverture pour The School for Scandal (1933), œuvre de jeunesse de Barber, constitue une entrée en matière roborative contrastant avec le climat élégiaque de son Concerto pour violon, op 14 (1941). Gil Shaham transfigure, par son jeu lumineux et transparent, le lyrisme aux couleurs ondoyantes de cette partition panthéiste gorgée de tendresse et de sensualité. Les échanges avec les musiciens de l’orchestre sont un pur bonheur, que ce soit avec la somptueuse clarinette de Pascal Moraguès ou encore avec le hautbois subtil de Michel Bénet dans l’Andante. La vélocité débridée du Presto in moto perpetuo final permet au soliste de déployer avec une adresse féline toute une gamme de coups d’archet d’une aisance à couper le souffle. La même perfection et le même naturel prévalent dans la Gavotte en rondeau de la Troisième Partita de Bach offerte en bis à un public sous le charme.

Après l’entracte, Conlon livre une vision claire, lisible et fluide du triptyque des Nocturnes de Debussy (Nuages et Fêtes), préférant parfois la pleine lumière à la demi-teinte (Sirènes). Le Chœur trop fourni de l’Orchestre de Paris préparé par Lionel Sow contribue à accentuer ce caractère. En revanche, son engagement dans le Gloria de Francis Poulenc fait corps avec la vitalité optimiste d’un chef au geste à la fois ferme et souple. Proche de l’opéra, la soprano Patricia Petibon, par son chant contrôlé oublieux des difficultés vocales, atteint, dans l’Amen conclusif, un degré de ferveur angélique qui fait place au recueillement.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 14 décembre 2011

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Photo : Rose Palmisano