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Gustavo Dudamel et l’Orchestre Philharmonique de Los Angeles à la Philharmonie de Paris – Splendeur orchestrale – Compte-rendu

Le premier des deux concerts de Gustavo Dudamel (photo) et de son Orchestre Philharmonique de Los Angeles à Paris dans le cadre du week-end Bernstein de la Philharmonie, par l’esprit du programme, serait allé comme un gant à Lenny.
 
Pollux d’Esa-Pekka Salonen – pièce créée au Walt Disney Concert Hall de Los Angeles en avril 2018 – alterne ondes vaporeuses (parfois transparaît la fluidité de La Mer de Debussy) et densité sonore. L’instrumentation très fouillée du compositeur finlandais (qui fut directeur musical à Los Angeles avant Dudamel) fait appel à force percussions et témoigne d’une science incontestable de l’orchestration. En douze minutes, cette musique donne du mythe grec de Castor et Pollux une image plaisante et fluide, servie par une interprétation très homogène
 
Avec Amériques d’Edgard Varèse (pièce composée entre 1918 et 1921 pour Leopold Stokowski et l’Orchestre de Philadelphie, puis révisée en 1929 pour la création française Salle Gaveau sous la direction de Gaston Poulet), on passe à une autre dimension – et la comparaison paraît même cruelle. Les sensations ressenties face au choc de la démesure new-yorkaise sont rendues par Varèse avec une modernité qui ne laisse de fasciner. Orgiaque et tellurique, l’œuvre, par ses feulements de timbres et sa dimension incantatoire frappe l’imagination, en particulier lors du climax conclusif qui sature quasiment la Grande Salle de la Philharmonie. Technicien hors pair, le chef vénézuélien se montre à son affaire à la tête d’une phalange impliquée qui brille de tous ses feux sous la battue claire et raffinée d’un expert ès rythmes et couleurs.
 
La perfection de l’exécution de la Cinquième Symphonie de Chostakovitch laisse une impression plus mitigée et n’émeut guère malgré la qualité d’ensemble de chaque pupitre. On ne sent pas poindre dans cette vision peaufinée toute la dimension tragique d’une partition parfois démonstrative mais qui, derrière le miroir, cache affres et tourments. En bis, la Mort d’Isolde de Wagner en paraît plus superficielle qu’intériorisée, mais quelle splendeur orchestrale ! Triomphe assuré.
 
Michel Le Naour

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Paris, Philharmonie, Grande Salle Pierre Boulez, 5 mai 2018

Photo © Luis Cobelo

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