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Hänsel und Gretel au Palais Garnier - Psychanalyse des contes de fées - Compte-rendu
Tout cela n’était donc qu’un rêve. Pour nous en convaincre, Mariame Clément installe l’action d’Hänsel und Gretel dans un foyer bourgeois, ignorant la masure du conte originel, et double l’action grâce à un décor ingénieux mais finalement sclérosant : tout le cadre de scène de Garnier est occupé par un cartouchage en quatre pièces avec un îlot central vertical. Le spectateur assis à l’orchestre en sera quitte pour une séance de kiné. Cela permet cette mise en abîme que le metteur en scène affectionne tant. On aura donc parallèlement les chanteurs et les acteurs, on pourra écrire un conte dans le conte un peu à la façon d’une psychanalyse des contes de fées minute où les clins d’œil ne sont pas interdits. Ce couple en visite chez les parents dont le monsieur arbore une barbichette est-ce Humperdinck ? Freud ? On penche pour le second.
Cette idée de départ habile, qui crée un sous-spectacle dans le spectacle devient vite lassante : à force de vouloir suivre la double action on n’écoute plus aussi attentivement la musique qu’on le devrait.
Et c’est dommage car les chanteurs sont formidables : Anne-Catherine Gillet déploie un allemand percutant et met autant de charme que de piquant à sa Gretel, Daniela Sindram, décidément parfaite de silhouette comme de voix pour les travestis – on a encore dans l’œil et dans l’oreille son Octavian de Bastille – nous fait un Hänsel délicieusement chenapan, déjà presque un Chérubin. La mère d’Irmgard Vilsmaier et le père de Jochen Schmeckenbecher montrent de forts volumes, rappelant qu’Humperdinck connaît son Wagner – d’ailleurs Mariame Clément fait brandir l’épée à une Gretel coiffée d’un casque lorsqu’elle lance son aigu ; clin d’œil au Hojotoho de Brunhilde. Subtile Marchand de sable d’Elodie Hache, Fée du matin fruitée à souhait selon Olga Seliverstova, non décidément le cast est parfait avec tout de même un point d’interrogation : la sorcière d’Anja Silja. On l’avait déjà entendue à Covent Garden voici quelques saisons où la voix semblait impossible. Aujourd’hui il n’en reste plus que le rire. Oui mais voila, même si l’on préfère un ténor de caractère – Schreier, Langridge hier, Ablinger-Sperrhacke aujourd’hui ont posé autant de modèles – on doit s’incliner devant l’actrice, d’autant que Mariame Clément lui demande trois personnages successifs : sorcière de tradition d’abord, meneuse de revue du Moulin Rouge ensuite, marâtre ivrogne pour finir. Et elle s’en tire formidablement. Mais la voix…
Une question côté décor. Pourquoi l’araignée qui garde Hänsel – copiée évidement d’après celle d’Odilon Redon, le sourire en moins – n’est-elle pas articulée ? Dernier bémol l’orchestre, mené par Claus Peter Flor, pas assez fruité, peu précis dans la chevauchée des sorcières, plus drame que conte. C’est dommage pour un spectacle aussi ambitieux.
Jean-Charles Hoffelé
Humperdinck : Hänsel und Gretel - Paris, Opéra Garnier, le 19 avril, prochaines représentations 22, 24, 27 avril, 3, 6 mai 2013
www.operadeparis.fr
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Photo : Opéra national de Paris/ Monika Rittershaus
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