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Henri Demarquette – Sous le signe de Brahms

Dans la foulée de la parution d’une belle version des Sonates pour violoncelle et piano de Brahms (1), Henri Demarquette et Michel Dalberto se retrouvent sur la scène du TCE jeudi 17 avril. Né en 1970, Demarquette fait partie de la riche jeune génération du violoncelle français. Depuis une dizaine d’années, il collabore de façon régulière avec Michel Dalberto. « Nous nous sommes rencontrés aux Arcs grâce à Renaud Capuçon, se souvient-il, et nous avons eu l’occasion de collaborer à plusieurs reprises par la suite. L’un des moments importants de la vie de notre duo a été l’enregistrement en DVD des Sonates de Beethoven (2005) et l’intégrale de ces œuvres en concert au Châtelet. Nous avons beaucoup fouillé, beaucoup réfléchi sur Beethoven et cette expérience très enrichissante a contribué à ce qu’il y ait une recherche commune dans notre travail. Après Beethoven, il était naturel de se tourner vers Brahms ».

Demarquette ne cache pas le bonheur que lui procure la collaboration avec Dalberto. « J’ai toujours été fasciné par son jeu, confie-t-il. Le son est toujours timbré et prenant et quelle clarté dans la lecture du texte ! J’ai l’impression d’entendre plus de choses avec lui ; j’apprécie sa manière d’agencer le discours. On l’a parfois dit froid, c’est totalement inexact, il y a énormément d’intensité, de violence parfois dans son jeu mais cela se situe dans le son, pas dans l’apparence ou l’attitude. Michel est un très grand musicien et j’ai beaucoup de chance de jouer avec lui ! »

« Dans notre enregistrement des Sonates de Brahms, ce n’est pas sur le côté romantique et sentimental que nous avons le plus insisté, explique Demarquette. Nous avions d’abord la volonté de monter la puissance de la construction de cette musique. Un cadre à l’intérieur duquel s’exprime un sentiment bouillant, un élan lyrique bien sûr ; mais il est nécessaire de faire ressentir la rigueur – très protestante – de Brahms. »

Rigueur nourrie d’une connaissance des maîtres du passé et le violoncelliste ne manque pas, à ce propos, de mettre l’accent sur la filiation de la Sonate n°1 en mi mineur avec Bach, celle de la Sonate n°2 en fa avec Beethoven, ou encore celle avec Schubert de la 1ère Sonate en ré majeur pour violon et piano – dont Demarquette et Dalberto interprètent la transcription pour violoncelle sur leur CD.

La fréquentation de Brahms correspond d’ailleurs aux envies présentes d’un violoncelliste qui, à l’approche de la quarantaine, et « après avoir beaucoup multiplié les expériences et les découvertes » éprouve le besoin de « recentrer son activité et de se concentrer sur le fond du répertoire de son instrument. » « Je ne m’empêche pas quelques originalités, nuance-t-il toutefois : j’ai joué la Fantaisie pour violon de Schubert au violoncelle à la Folle Journée et j’ai découvert un concerto de Vieuxtemps très réussi, qui mériterait de s’intégrer dans un programme de concertos français. »

Si Henri Demarquette garde « une oreille pour découvrir du répertoire », il tient aussi à « avoir une création tous les ans ». « J’ai créé l’an dernier un concerto de Pascal Zavaro, une œuvre formidable, et je vais prochainement (2) participer à celle d’un triple concerto pour saxophone, violoncelle et piano de Christian Lauba, un compositeur que j’adore. » Mais c’est d’abord et avant tout dans le grand répertoire que l’on retrouvera Henri Demarquette au cours des semaines et des mois qui viennent. A commencer par le 17 avril au TCE avec Michel Dalberto, dans les deux Sonates de Brahms et l’ « Arpeggione » de Schubert.

Alain Cochard

(1) 1 CD Warner
(2) Les 23 et 24 mai à Mulhouse, sous la direction de Daniel Klajner, avec Brigitte Engerer et Richard Ducros.

Récital au Théâtre des Champs-Elysées Jeudi 17 avril 2008 - à 20h

Réservations

Photo : DR
 

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