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Inauguration de l'orgue Rieger de la Philharmonie de Paris – La confirmation d'un instrument d'exception – Compte-rendu
Les concerts d'inauguration des 6 et 7 février, dans une salle chaque fois comble, ont quant à eux réaffirmé plus que jamais les ressources inouïes de l'instrument-orgue, et la fascination qu'il exerce sur le public, à même de servir les options et les goûts les plus dissemblables, si ce n'est même contraires. Espérons que le succès de ces journées, dont on ne pouvait douter, incitera la Philharmonie à accorder une place de choix à ce monument d'exception.
Le premier concert du samedi, à 15 heures, vit se succéder à la console mobile quatre musiciens aux tempéraments aussi spécifiques que différents (on aimerait, à l'occasion, entendre un concert – dans les répertoires anciens – donné à la console mécanique « de tribune », en fenêtre derrière les tuyaux largement espacés qui se dressent « sur le nuage »). C'est à Bernard Foccroulle qu'il revint de toucher en premier l'instrument achevé. La pièce initiale de son programme en forme de triptyque – ancien-moderne-ancien – fut peut-être la plus positivement révélatrice de tout le concert. Car si l'on pouvait s'attendre à ce que l'orgue sonne à merveille dans les univers symphonique et contemporain, cela n'allait pas de soi pour la musique ancienne.
Or la Toccata en fa BuxWV 156 de Dietrich Buxtehude fut un pur moment de lumière et de couleurs contrastées rendant justice, avec vivacité, au stylus fantasticus du XVIIe siècle, jusqu'à ces sections fuguées sur des registrations inspirées des consorts instrumentaux de l'époque pour lesquelles la facture baroque d'un Arp Schnitger constitue une sorte d'idéal de référence – en dépit d'un tempérament égal, naturellement, on s'y croyait presque ! Avec ce Buxtehude, la polyvalence du Rieger fut donc d'emblée vérifiée. (Le chœur d'anches d'esprit classique français, pour un grand-jeu façon Grigny ou Couperin, est également bluffant.) Bernard Foccroulle proposa ensuite le sensible Memory de Pascal Dusapin (sa seule pièce d'orgue, 2008 – créée la même année par Foccroulle à Strasbourg) puis la vertigineuse Fantaisie et Fugue en sol mineur BWV 542 de J.S. Bach, qui en regard de l'exubérante diversité du Buxtehude put sembler quelque peu statique sur le plan de la couleur, mais musicalement et instrumentalement édifiante, d'une prise de risque assumée avec ferveur par un Foccroulle porté par la monumentalité de l'œuvre.
Lui firent suite deux des titulaires de Notre-Dame de Paris, chargés avec Thierry Escaich de définir en amont les choix esthétiques de l'orgue de la Philharmonie. Tout d'abord Philippe Lefebvre, qui avec la Pièce héroïque de César Franck évoqua une autre inauguration d'orgue de salle, au Trocadéro en 1878. Ce fut l'exemple le plus parlant d'une dynamique excessive, en porte-à-faux, comme si l'application des schémas traditionnels de l'orgue symphonique français (progression sur trois plans manuels et pédale) ne pouvaient fonctionner à la lettre sur ce Rieger, exigeant bien davantage une réelle orchestration – d'autant que le rythme, serré et ne souffrant aucun relâchement, y compris stylistique, sembla quelque peu flottant.
Après cette dureté d'approche sans mystère et déséquilibrée en termes de palette, vint la bonne surprise d'un Boléro improvisé sur un thème de Charles Racquet pour grand orgue et percussions (1973) de Pierre Cochereau, dans la restitution de son fils, le chef d'orchestre Jean-Marc Cochereau – œuvre médusante entrée au répertoire de la cathédrale de Paris (3) : un boléro vibrant de tenue et de panache, à Philippe Lefebvre répondant la formidable stimulation rythmique de Camille Baslé et Nicolas Martynciow (respectivement timbale solo et percussionniste à l'Orchestre de Paris). À l'opposé de la Pièce héroïque, la courbe dynamique de l'œuvre inspira à Philippe Lefebvre des registrations inventives et en constante symbiose avec les procédés d'écriture, moyen parfaitement en situation de faire découvrir au public quantité de mélanges dont la richesse et les contrastes mirent incontestablement en valeur l'harmonisation aboutie du Rieger. L'improvisation finale de Philippe Lefebvre poursuivit dans cette même veine, d'une tension vive et inspirée, véritablement en phase avec l'orgue et l'acoustique de la Philharmonie. Très belle section médiane, habitée, cependant que l'ensemble conviait l'auditeur à un périple sonore solidement structuré et d'une remarquable continuité.
Après cet accent mis sur l'orgue symphonique, Olivier Latry (4) explora la composante plus spécifiquement orchestrale du Rieger (au sens anglo-américain du terme), par le biais de transcriptions extrêmement ciselées. À une brillante Danse du sabre d'Aram Khatchaturian fit suite la Danse rituelle du feu de L'amour sorcier de Manuel de Falla, sous-titrée : « pour chasser les mauvais esprits » – presque un pendant non confessionnel à la bénédiction d'un orgue, d'où l'on chasse rituellement le démon… Extraordinaire effet du jeu alterné des boîtes expressives du Récit et du Positif (puis des trois boîtes synchronisées : Récit, Positif et Solo) sur le bourdonnement qui, inlassablement, enfle et diminue, toutes les deux mesures et tandis que le seul pied gauche joue les trois notes obstinées de la basse : do-sol-mi bémol-sol-do – le jeu des lumières, dans les sections concernées du buffet, illuminées de l'intérieur, guidant visuellement et pour ainsi dire pédagogiquement l'auditeur dans la compréhension des subtilités dynamiques qu'autorise l'instrument de la Philharmonie.
Il n'y a guère de mots pour dire la qualité perfectionniste du jeu instrumental d'Olivier Latry, le moindre aspect de la restitution du texte s'y trouvant soumis à un contrôle drastique. Il y a là quelque chose d'à la fois sidérant et de presque désincarné, aboutissement formel et structurel aux dépens de l'émotion « spontanée » (à laquelle, il est vrai, les œuvres choisies pouvaient ne guère faire appel). Le reste du programme électrisant et singulièrement distant d'Olivier Latry en fut le magistral prolongement : Saint François de Paule marchant sur les flots de Liszt-Reger, Critical Mass pour orgue et bande magnétique (1989) de James Mobberley – superbe illustration des possibilités offertes par une salle moderne, jusqu'à la déroutante fusion des timbres acoustiques et électroniques, enfin virtuose Danse macabre de Saint-Saëns, avec peut-être moins d'humour pince-sans-rire que dans l'esprit du grand Camille.
L'ultime partie de ce concert fut un authentique choc des cultures ! Pianiste, organiste et chef d'orchestre (du WDR Funkhausorchester [Orchestre de la Radio] de Cologne et principal chef invité de l'Orchestra Sinfonica di Milano Giuseppe Verdi), Wayne Marshall s'est illustré dans bien des domaines (ainsi dans la fameuse production de Glyndebourne du Porgy and Bess de Gershwin dirigée par Simon Rattle). Son choix pour la Philharmonie se porta sur trois extraits – Allegro, Adagio et Finale – de l'un de ses chevaux de bataille : la Symphonie n°6 de Charles-Marie Widor. On eut plus ou moins le sentiment d'une version orchestrale de la Symphonie que l'on connaît (sans nécessairement la reconnaître)… transcrite pour orgue. L'impact de l'extrême vivacité des tempos fut tel que profil mélodique et coupe rythmique de l'œuvre en furent radicalement bousculés. On vit dans l'assistance des organistes se pincer pour en croire leurs oreilles (et l'on déconseille à tout étudiant de jouer ainsi pour l'examen de fin d'études – relégation assurée).
Premier titulaire du grand orgue Marcussen flambant neuf du Bridgewater Hall de Manchester (sa ville natale), Wayne Marshall y avait aussitôt gravé cette Sixième de Widor (+ Jean Roger-Ducasse, Naji Hakim et Marcel Dupré, Virgin Classics, 1997) : brillantissime, l'approche y était déjà extrême, bien que sans doute moins radicale qu'aujourd'hui. Il n'empêche : les moyens instrumentaux sont fabuleux, quand bien même le goût serait à proprement parler « discutable » – merveilleux Adagio, presque un hommage au grand orgue Christie du Gaumont-Palace : on est certes loin de Saint-Sulpice, à ceci près que c'est au cours de l'un des concerts d'inauguration du Cavaillé-Coll de la grande salle du Trocadéro que Widor lui-même créa cette Sixième – où situer dès lors la « vérité » stylistique de l'œuvre ? Avec en outre l'avantage de faire entendre comment on joue ailleurs, et en l'occurrence autrement, notre grand répertoire symphonique, que l'on sait si prisé à l'étranger. S'y ajoutent une connaissance et une pratique intimes de ce type d'instrument, atout considérable de Wayne Marshall. On en eut confirmation avec l'improvisation de clôture (French cancan d'Offenbach, bien qu'à aucun moment cité tel que), puissant travail d'intégration thématique au sein d'un vaste déploiement symphonique utilisant l'instrument de manière optimale, avec cette générosité, empathique et affirmée, de qui joue pour le public. Lequel fit un triomphe à Wayne Marshall.
Le concert du soir – enregistré par France Musique et qui sera diffusé le 11 avril à 14h – permit de réentendre triplement le Rieger : en tant que soliste avec orchestre, seul et enfin comme soutien de l'orchestre, soit une éloquente et irréfutable démonstration du rôle de l'orgue dans une salle de concert, justification a posteriori du bien-fondé de sa présence à la Philharmonie (ou à Radio France), quand on sait que beaucoup n'en voulaient pas et que certains orchestres refusent encore tout net la confrontation – laquelle exige un intense travail d'intégration des sonorités respectives, alors qu'un orgue électronique se glisse incognito dans la masse, au besoin en baissant tout simplement le son, pour un résultat musical que l'on ne saurait bien entendu comparer.
La Philharmonie de Paris avait convié l'Orchestre National de Lyon, dirigé par Leonard Slatkin, et en soliste Vincent Warnier, titulaire de Saint-Étienne-du-Mont à Paris et organiste en résidence, durant les deux dernières saisons, de l'Auditorium Maurice Ravel de Lyon (qui abrite l'ancien orgue du Trocadéro, ensuite transféré à Chaillot, 5) : ce même programme y avait été donné l'avant-veille (6). En ouverture, noble référence au répertoire de l'orgue : Passacaille et Fugue en ut mineur BWV 582 de Bach dans l'orchestration luxuriante d'Ottorino Respighi, réalisée en 1930 à la demande d'Arturo Toscanini (Leopold Stokowski, lui-même brillant organiste, en avait proposé dès 1922 une orchestration fréquemment enregistrée). Et l'orgue de resplendir de manière subliminale, à l'écoute d'un Orchestre de Lyon à la palette élégamment déliée et chaleureuse, en songeant qu'un organiste, avec ses seuls mains et pieds, est à même de faire entendre exactement ce même texte musical…
Suivit l'œuvre d'un Aaron Copland de pas même vingt-quatre ans, composée en 1924 à l'issue de ses études à Paris auprès de Nadia Boulanger, sa dédicataire et créatrice – en janvier 1925 à l'Aeolian Hall de New York, sous la baguette de Walter Damrosch : Symphonie pour orgue et orchestre, vaste fresque d'une singulière maturité dont les trois mouvements se démarquent avec une captivante originalité des moules traditionnels (et qui deviendra sa Symphonie n°1, sans orgue…, créée à Berlin en 1931 par Ansermet). Non seulement l'orgue y resplendit de mille feux, mais il montre de quelle souplesse il est capable dans ses rapports avec l'orchestre – devant l'orchestre, en véritable soliste, au cœur de la palette d'ensemble, ou encore comme soutien harmonique ou rythmique : ses capacités sont infinies, servies par une acoustique dont il faut redire combien elle favorise ici la rencontre musicale de ces deux (faux) rivaux ou antagonistes.
Le choix de Vincent Warnier pour l'unique pièce soliste du programme était « risqué », posant l'éternelle question de la réceptivité du public : Volumina de György Ligeti (1961-1962, pièce révisée en 1966). Étape marquante du répertoire de l'orgue, sans véritable descendance possible, l'œuvre procède entièrement par clusters (doigts, mains, bras), hors de toute notation traditionnelle des hauteurs de son ou autres composantes d'une partition « normale », gigantesque magma en constante fusion. Oser corporellement une telle œuvre n'est certes pas l'une des moindres difficultés de ce jaillissement effarant et fascinant, expérience musicale au sens le plus fort qu'il faut vivre, y compris à travers les vibrations de la salle, en concert. La réaction du public ne fut pas moins tellurique que l'approche de la machine-orgue selon Ligeti (7), confirmant une fois encore la disponibilité d'esprit de l'auditeur même non étiqueté connaisseur.
Pour refermer ce programme, un autre monument redisant la raison d'être d'un orgue en salle, car aucun orgue numérique, disposerait-il d'un gigantesque mur d'enceintes, ne pourra jamais porter de manière aussi phénoménale l'orchestre tout entier, ne serait-ce que par son souffle réel – ainsi l'ut grave initial, au pédalier de l'orgue, a-t-il suffi à faire frissonner orchestre et public, créant le climat spirituel dans lequel l'œuvre trouva naturellement à s'épanouir : Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss. Un seul reproche, mais à Strauss : intensément sollicité au début de l'œuvre, l'orgue est ensuite relégué, alors qu'il aurait pu trouver tout au long de ce poème symphonique maintes possibilités de s'intégrer à l'orchestre. Celui de Lyon fut magistral, salué ainsi que Leonard Slatkin, manifestement touché d'un tel enthousiasme de la part du public parisien, d'une inépuisable ovation.
© William Beaucardet
La séance du lendemain dimanche, puisqu'il s'agissait de cinéma, était une autre première à la Philharmonie : « ciné-concert en famille » consacré au Fantôme de l'Opéra, film américain de Rupert Julian (1925) sur un commentaire musical ininterrompu de l'expert absolu en la matière, Thierry Escaich, lequel n'en était certes pas à son premier Fantôme. Force est de dire que l'on a beau savoir à quoi s'attendre, la maîtrise du propos et de l'instrument, toujours différent selon les lieux, ne laisse chaque fois d'impressionner, renouvelant l'intérêt et une inépuisable sensation de surprise. Aucun risque, soit dit en passant, que l'écran géant suspendu devant le buffet du Rieger (sans doute un peu haut pour la nuque des spectateurs du parterre) n'étouffe l'instrument, d'une radieuse présence. Ponctuée de saines réactions tels que rires aussi bien que frissons, l'écoute, notamment de la part des très nombreux enfants assistant à la projection, fut d'une qualité répondant magnifiquement à la prouesse de Thierry Escaich – 95 minutes sans jamais faiblir, jusqu'à la course éperdue de la tragédie finale, en passant par quelques citations suprêmement intégrées du Faust de Gounod, point de départ de l'intrigue – « Valse de Faust », « Anges purs, anges radieux »…
Après la projection, Olivier Latry et son complice Vicens Prats, flûtiste à l'Orchestre de Paris, offrirent une visite guidée de l'orgue au jeune public, le premier expliquant et illustrant depuis la console mobile, sur la scène, le second tout d'abord à la console « sur le nuage » puis explorant les différentes sections du buffet de l'instrument, suivi en temps réel sur l'écran géant. Aussi impressionnant pour le public découvrant ces entrailles sonores qu'un authentique voyage au centre de la terre façon Jules Verne (dont on sait les liens avec l'orgue). Et Vicens Prats de jouer à l'intérieur même du Rieger la fameuse Badinerie de Bach, au milieu de la tuyauterie mise en mouvement sonore par Olivier Latry. Climat chaleureux et bon enfant, indéniablement instructif et stimulant pour le jeune public. À la question d'Olivier Latry : est-ce la première fois que vous entendez un orgue, le non l'emporta largement et de manière sonore dans la grande salle. Les amateurs d'orgue de demain, donc de musique tout simplement, sont déjà là.
Michel Roubinet
(1) Première audition de l'orgue Rieger, 28 octobre 2015 – Arte Concert (gratuitement accessible jusqu'au 28 avril 2016)
www.arte.tv/arte_vp/index.php?json_url=http%3A%2F%2Fconcert.arte.tv%2Ffr%2Fplayer%2F50141&lang=fr_FR&config=arte_concert&rendering_place=http%3A%2F%2Fconcert.arte.tv%2Ffr%2Finauguration-de-lorgue-symphonique-de-la-philharmonie-de-paris%23xtor%3DSEC-43-GOO-%5B19949877605%5D-S-%5B_inurl%253Ahttp%253A%252F%252Fconcert.arte.tv%252Ffr%5D%26xts%3D539110&share=1
(2) www.concertclassic.com/article/thierry-escaich-paavo-jarvi-et-lorchestre-de-paris-la-philharmonie-premiere-audition-de
(3) www.concertclassic.com/article/yves-castagnet-au-grand-orgue-de-notre-dame-hommage-aux-femmes-compositrices-compte-rendu
(4) Olivier Latry à l'orgue Cavaillé-Coll de Notre-Dame de Paris – Arte (gratuitement accessible jusqu'au 23 février 2016)
concert.arte.tv/fr/olivier-latry-lorgue-cavaille-coll-de-notre-dame-de-paris
(5) Auditorium Maurice Ravel de Lyon :
Instrument : www.auditorium-lyon.com/L-Auditorium-ONL/L-orgue
Récitals d'orgue 2015-2016 : www.auditorium-lyon.com/Programmation-15-16/Orgue/Recitals
(6) Orchestre National de Lyon – Leonard Slatkin – Concert du 4 février 2016 à Lyon
www.auditorium-lyon.com/Programmation-15-16/Orchestre-et-opera/Concert-symphonique-avec-l-ONL/Ainsi-parlait-Zarathoustra
(7) Signalons que le n°30 (automne 2015) de la revue Orgues Nouvelles consacre un article de fond à l'œuvre d'orgue de Ligeti, avec, sur le CD joint, la 2ème Étude pour orgue : Coulée, ainsi que des extraits de Musica Ricercata
orgues-nouvelles.weebly.com/on30.html
Sites internet
Concert inaugural de l'orgue de la Philharmonie (disponible jusqu'au 6 août 2016)
http://live.philharmoniedeparis.fr/concert/1046894/grandes-orgues-olivier-latry-philippe-lefebvre-bernard.html
Bernard Foccroulle
www.facebook.com/bernardfoccroulle/info/?tab=page_info
Philippe Lefebvre
www.notredamedeparis.fr/Philippe-LEFEBVRE
Olivier Latry
www.notredamedeparis.fr/Olivier-LATRY
Wayne Marshall
waynemarshall.com
Vincent Warnier
fr-fr.facebook.com/v.warnier/info/?tab=page_info
Photos © William Beaucardet
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