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Ismaël Margain en récital au théâtre de l’Athénée – Souveraine simplicité – Compte-rendu
Alléché par un superbe enregistrement schubertien capté en concert l’été dernier pendant l’Août musical de Deauville (un disque tout juste paru chez B Records) (1), on attendait avec impatience le récital d’Ismaël Margain à l’Athénée dans le cadre du rituel concert hors les murs que Piano aux Jacobins organise tous les ans à Paris. Une fois de plus, le plaisir est grand de voir le festival toulousain faire confiance à un talent nouveau - choix qui s’inscrit aussi dans les orientations de son fidèle mécène, la Fondation BNP Paribas.
Né en 1992, Margain ne terminera son 3ème Cycle au CNSMD de Paris qu’en juin prochain, mais peut déjà se prévaloir d’une solide expérience, acquise en particulier à la Fondation Singer-Polignac et dans ses deux annexes festivalières, le Festival de Pâques et l’Août musical de Deauville.
Programme tout Schubert identique à celui du disque : Klavierstücke D. 946 et Sonate n° 21 D. 960. Un brin de trac sans doute dans le Klavierstück n°1 ; c’est le tout premier récital de Margain dans la maison de Louis Jouvet et, comme pas mal de collègues avant lui, il n’échappe pas à un temps d’adaptation à l’acoustique. Bien court. Le voilà vite au cœur de son sujet, avec une interprétation plus apaisée, plus décantée que ce que l’on entend au disque (et que l’on avait aussi pu découvrir au Lille Piano(s) Festival en juin 2016)(2). Pétris de l’esprit du lied, les trois Klavierstücke sont servis avec un lyrisme aussi intense qu’intime. Ce ne sont pas ceux qui parlent fort que l’on écoute le mieux ; Margain sait entraîner l’auditeur dans les méandres de son rêve intérieur – avec une souveraine simplicité.
Quant à la Sonate en si bémol majeur, à 24 ans seulement le pianiste y parvient à une forme d’idéal. Naturel et fluidité d’un Molto moderato sans une seconde de temps mort, Andante sostenuto fuyant le côté déversoir de toutes les larmes monde – on lui en sait gré ! – pour faire résonner la confession la plus intime – le tact, la simplicité, encore et toujours ... Transition sans hiatus avec le Scherzo, dans lequel Margain cultive avec poésie la dimension con delicatezza, suivi d’un finale à rebours de bien des mauvaises habitudes interprétatives. Ma non troppo : Margain ne presse pas le tempo et prend le temps de réfléchir à la structure du mouvement, mais sans aucunement durcir – ou « beethovéniser » – le propos. Les schubertiens sont rares : on en tient là un grand.
Séance de bis aux allures de fête amicale : Rondo « de l’amitié invariable » de Schubert avec Guillaume Bellom, fidèle partenaire à quatre mains de Margain depuis des années, impro jazz – un domaine particulièrement cher au pianiste – avec Thomas Encho, et point d’orgue en solo : Le Poète parle des Scènes d’enfants - une signature.
Alain Cochard
(1) Be Record, LBM006, distr. Outhere
(2) www.concertclassic.com/article/lille-pianos-festival-2016-carrefour-de-talents
Paris, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 6 mars 2017
Photo © Stéphane Delavoye
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