Journal
Javier Camarena au Festival Castell de Peralada 2021 - Un gala en demi-teinte – Compte-rendu
Dans un contexte plus favorable Javier Camarena aurait enchaîné ce florilège d’airs d’opéras français, italiens et allemands sans que l’on perçoive la moindre trace de difficulté ; or, le 1er août dernier, la voix émaciée, le phrasé heurté et le souffle court ont cruellement souligné une fatigue que nous lui souhaitons passagère. Plus encore que son Gérard à la prononciation erratique « Fantaisie au divin mensonge » extrait de Lakmé, son Nadir « Je crois entendre encore » (Les pêcheurs de perles) exempt de douceur et de transparence l’a montré en but à ce répertoire et à l’émission spianata qu’il requiert. Donizetti le cueille avec moins de virulence et lui permet de retrouver dans le « Com’è gentil » de Don Pasquale, une vocalità plus adaptée, même si certaines duretés dans la ligne persistent. Le grand air de Betly « E fia ver tu mia sarai », un opéra bien peu inspiré de l’auteur de L’Elisir d’amore, précédé par une longue intervention chorale, semble avoir stimulé le ténor soudain heureux de pouvoir vocaliser avec l’assurance que nous lui connaissons.
La seconde partie enchaînée sans entracte - en raison d’une ondée qui n’a pas manqué de perturber le concert sans toutefois l’interrompre - avec une majestueuse ouverture de La Flûte enchantée de Mozart, dirigée par Riccardo Frizza à la tête d’un excellent Orchestre du Liceu, n’a fait que renforcer nos inquiétudes, Camarena étant attendu la saison prochaine en Tamino. L’allemand grossier et la voix mal placée du ténor ont jeté un froid et rien auguré de bon pour cette prise de rôle. La piètre interprétation de « Dies Bildnis ist bezaubernd schön » et plus encore celle de « Ich baue ganz » extraite de L’Enlèvement au Sérail aux vocalises hasardeuses, n’ont été sauvées de l’accident que par une technique solide et une extrême concentration.
Avant de retrouver Tonio de La fille du régiment qui a beaucoup fait pour sa gloire et qu’il chante toujours avec une certaine vaillance, Javier Camarena s’aventurait dans La Bohème avec un « Che gelida manina » chanté sans grand éclat là où Pavarotti savait se faire suave et iriser son timbre solaire. En bis, le ténor offrait une efficace « Donna è mobile » (Rigoletto) et une langoureuse chanson mexicaine dédiée à ses proches. Espérons que le chanteur saura se remettre de cette mauvaise passe et qu’un été reposant l’aura aidé à se rétablir.
François Lesueur
(1) www.concertclassic.com/article/javier-camarena-au-festival-castell-peralada-2018-soiree-eclatante-avenir-radieux-compte
Festival Castell de Peralada 1er août 2021
Photo ©javiercamarena.com
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