« Hambourg ne possède plus aujourd’hui qu’un seul musicien du plus grand mérite, M. Carl Philipp Emanuel Bach ; mais il est légion ! », écrivait Charles Burney dans le précieux récit qu’il a laissé de son grand voyage musical en Europe (1). Bach ? C’est d’abord à Jean-Sébastien que l’on songe aujourd’hui mais, on l’oublie souvent, durant la seconde moitié du XVIII^ème siècle la gloire allait d’abord et avant tout à Carl Philipp Emanuel (1714-1788), deuxième fils issu du mariage de Jean-Sébastien avec sa première épouse Maria Barbara. « Le Bach de Berlin et de Hambourg » a-t-on coutume de dire de celui qui, après avoir été en activité à Potsdam auprès de Frédéric II, prit la succession de Telemann – son parrain – au poste directeur de la musique de Hambourg en 1768 et y demeura jusqu’à son décès vingt ans plus tard.

Figure majeure de l’Empfindsamkeit en musique, Carl Philipp Emanuel laisse une très abondante production instrumentale, pour le clavier en particulier, dont l’influence se révéla décisive dans le cours de l’histoire de musique. Haydn et Mozart, pour se limiter à ces deux figures illustres, ont énormément appris de l’art de leur devancier.
Il ne faudrait pas pour autant oublier la production vocale du musicien allemand, qui regorge réalisations admirables tel l’oratorio Les Israélites dans le désert. Créé à Hambourg en 1769, il remporta un grand succès, qui se prolonga – on sait que Gluck dirigea l’ouvrage à Vienne de 1777.

Partition contrastée et d’une remarquable force expressive, Die Israeliten in der Wüste dévoile un magnifique aspect de l’art de Carl Philipp Emanuel. Les occasions de l’entendre en concert ne sont pas nombreuses ; il faut profiter de celle qui se présente bientôt à la Cité de la musique dans le cadre de l’éclectique cycle « Déserts ». Après Steeve Reich, Félicien David et la musique médiévale, Carl Philipp Emanuel Bach est à l’affiche sous la direction de Jordi Savall, à la tête du Concert des Nations et de la Capella Reial, avec le concours pour les parties solistes de Maria Cristina Kiehr, Hanna Bayodi-Hirt, David Munderloh et Stephen MacLeod.

Alain Cochard

(1) “Voyage musical dans l’Europe des Lumières“ (Harmoniques – Flammarion)
 
Concert des Nations, Capella Reial de Catalunya, Maria Cristina Kiehr, Hanna Bayodi-Hirt, David Munderloh, Stephen MacLeod, dir. Jordi Savall
14 mai – 20h
Paris – Cité de la musique
www.concertclassic.com/concert/la-capella-reial-de-catalunya-le-concert-...

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