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Klaus Mäkelä dirige Saariaho, Sibelius et Berlioz à l’Orchestre de Paris – Des couleurs et du feu – Compte-rendu
Du Concerto pour violon de Sibelius à la Symphonie Fantastique de Berlioz, le dernier programme de Klaus Mäkelä (photo) faisait certes un peu le grand écart en termes de répertoire et ne débordait pas d'originalité, mais on n’a pas boudé le plaisir d’entendre, menés par un tel chef, des ouvrages où la couleur est reine.
Première partie toute sous le signe la Finlande donc avec, en prélude au Sibelius, Ciel d’hiver, pièce extraite d’Orion (2002), dont Kaija Saariaho a livré une version nouvelle en 2013. Une musique immobile et prenante qui traduit avec une merveilleuse intelligence des timbres la contemplation d’un ciel étoilé en plein hiver. Moment magique, comme suspendu dans un rêve, sous la baguette du jeune directeur musical ...
Janine Jansen © Decca / Marco Borggreve
En résidence à l’Orchestre de Paris cette saison, Janine Jansen rejoint la phalange pour le Concerto op. 47 de Sibelius dont l’approche, quoique très bien accueillie par l’auditoire, nous laisse sur un sentiment plutôt mitigé. A trop osciller entre des moments où elle creuse la nuance et le détail et d’autres où elle surexpose certains passages, la violoniste fait perdre de son élan et de sa force narrative un à ouvrage dans lequel elle peut toutefois compter sur l’accompagnement toujours impeccablement maîtrisé, jamais envahissant, de Mäkelä.
La Symphonie Fantastique est présente au répertoire de l’Orchestre de Paris depuis le premier jour ; elle est par excellence son ouvrage fétiche. Bref, ne s’y aventurer qu’avec les moyens de ses ambitions ... Dire que Klaus Mäkelä les possède est un euphémisme et le bonheur lisible sur les visages d’instrumentistes totalement engagés en dit long quant à la relation que le directeur musical entretient avec ses troupes. Cette approche formidablement « tenue » a sans doute pour contrepartie de sacrifier une part de romantisme, mais avec quelle évidence, quelle intensité des coloris, l’incroyable modernité de la musique de Berlioz resplendit-elle sous une baguette dont la précision et la fluidité, tout comme l’équilibre qu’elle obtient entre les plans sonores, subjuguent littéralement. Accueil triomphal d’un public parmi lequel on comptait beaucoup de jeunes auditeurs !
Le programme de salle nous apprend que, pour la préparation de ce concert, Klaus Mäkelä a eu comme chef assistant Samy Rachid, ancien violoncelliste du Quatuor Arod, qui prendra ses fonctions d’assistant au Boston Symphony Orchestra à la rentrée prochaine.
Alain Cochard
Paris, Philharmonie, Grande Salle, 2 mars 2023
Photo © Mathias Benguigui Pasco & Co
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