Adepte du retour aux sources avec la Chambre Philharmonique qui joue sur instruments d’époque, Emmanuel Krivine n’a jamais cessé de diriger les formations symphoniques traditionnelles. Il présentait, Salle Pleyel, son Orchestre Philharmonique du Luxembourg (dont il assure la direction depuis 2006) dans un programme où la phalange pouvait exprimer toutes ses qualités.

Uncut, solo n°6 pour orchestre de Pascal Dusapin, composé en 2008-2009 et dédié à Laurent Bayle, permet de retrouver des ambiances proches de la musique de la Renaissance avec un instrumentarium où les fanfares de cuivres, les percussions métalliques, se projettent intensément dans un espace sonore constitué d’un seul bloc. Concentrés, les musiciens impriment un sentiment d’urgence à cette partition minérale d’une dizaine de minutes.

Changement de décor avec le Concerto pour violon en la mineur de Dvorák, gorgé de sensualité et de rythmes. En soliste, la jeune et talentueuse Julia Fischer accompagnée avec tendresse et fermeté par Krivine, par la pureté du son, la qualité de la ligne, la justesse de l’intonation, rend justice à un opus que l’on a souvent considéré à tort comme mineur, sans doute en raison des critiques formulées à son encontre par le célèbre Josef Joachim, créateur du Concerto de Brahms. Les deux bis (Obsession, extrait de la Sonate n°2 d’Ysaye et le Caprice n°13 de Paganini) brillent de tous leurs feux sous un archet si somptueux.

L’exécution de Petrouchka (version1947) de Stravinski, riche en couleurs, variée dans les climats et chorégraphique à souhait, met en valeur la qualité de l’orchestre (en particulier les cuivres, les bois et les percussions). La conception analytique du chef est compensée par un engagement, une fougue, un sens poétique aussi, qui témoignent de la musicalité d’une baguette dont les interprétations ne laissent jamais indifférent.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 26 mai 2011

> Programme détaillé et réservations de la Salle Pleyel

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Michel Le Naour

Photo : DR