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La Petite Symphonie au 32e Festival de Laon – Ardente complicité – Compte-rendu
La Petite Symphonie au 32e Festival de Laon – Ardente complicité – Compte-rendu
Il a fallu s’adapter au contexte sanitaire, mais Jean-Michel Verneiges, directeur de l’Association pour le Développement des Activités Musicales de l’Aisne (ADAMA) a tenu bon : le Festival de Laon a pu se dérouler aux dates prévues, donnant le signal d’un renouveau de la musique vivante dans son département après plusieurs mois de calme plat.
Orchestre de chambre de Paris, Orchestre Philharmonique de Radio France, Les Siècles, Insula Orchestra : le répertoire symphonique aura occupé une place de choix à l’affiche de la 32e édition, avec des effectifs étoffés mais aussi lors d’une soirée très originale confiée à La Petite Symphonie.(1) Fondée en 2006 par le pianiste Daniel Isoir (photo) et l’altiste Diane Chmela, cette formation (sur instruments anciens) s’est en effet spécialisée dans l’interprétation d’ouvrages symphoniques en effectif réduit.
Orchestre de chambre de Paris, Orchestre Philharmonique de Radio France, Les Siècles, Insula Orchestra : le répertoire symphonique aura occupé une place de choix à l’affiche de la 32e édition, avec des effectifs étoffés mais aussi lors d’une soirée très originale confiée à La Petite Symphonie.(1) Fondée en 2006 par le pianiste Daniel Isoir (photo) et l’altiste Diane Chmela, cette formation (sur instruments anciens) s’est en effet spécialisée dans l’interprétation d’ouvrages symphoniques en effectif réduit.
© Festival de Laon
Les instrumentistes ne sont que 13 sur scène (2 violons, alto, violoncelle, contrebasse, traverso, 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors et pianoforte) pour le programme « Tempête et passion » présenté dans l’excellente acoustique de la Maison des Arts et Loisirs de Laon mais, dès l’ouverture de l’Isola disabitata de Haydn, on comprend que le résultat ne paraît en rien étique. Position debout pour tous les musiciens qui en ont la possibilité : la projection, la plénitude sonore, la complicité entre les exécutants soulignent idéalement le relief théâtral de la pièce. Voilà qui ouvre l’appétit !
Place ensuite au Concerto pour piano n° 2 en si bémol majeur ; le premier en réalité – et le moins fréquenté – du corpus beethovenien. « Sa musique déborde de souvenirs aussi bien que de prédictions » : la célèbre formule de Charles Rosen au sujet du compositeur allemand convient on ne peut mieux à un ouvrage que Daniel Isoir aborde sur un magnifique pianoforte (librement inspiré de Stein) signé du facteur Ryo Yoshida. La sonorité riche et lumineuse de l’instrument contribue évidemment à la réussite d’une interprétation qui rend pleinement compte de l’esprit d’un opus entre deux époques, deux sensiblités. On cède avec bonheur à l’énergie conquérante que le soliste apporte aux mouvements vifs, servis par un jeu aussi volubile que dominé. Tout le jeune Beethoven partant à la conquête de Vienne vibre ici, sans oublier un sens poétique à son comble dans un Adagio dont le lyrisme épanoui, mâtiné de ce qu’il faut de tension, témoigne d’une prenante intensité expressive.
Le nom de Joseph Martin Kraus (1756-1792), exact contemporain de Mozart, est rare dans les programmes ; on ne peut que féliciter la Petite Symphonie d’avoir retenu son Ouverture d’église VB 147. Sombre gravité de l’introduction, netteté des plans sonores et feu dans le déploiement de la fugue : la transition est on ne peut mieux trouvée vers la Symphonie n° 78 (1782) de Haydn placée en conclusion. De trois ans postérieur à L’Isola disabitata, cet ouvrage – comme tout ce qui a précédé au cours d’un programme d’un équilibre parfait – s’offre dans une interprétation pétrie d’intelligence et d’humanité. L’esprit chambriste qui unit les membres de la Petite Symphonie contribue à la juste caractérisation des épisodes successifs, de la couleur Sturm und Drang du Vivace initial à l'humeur enjouée du finale. Ce classicisme ardent, impatient (quel vie intérieure dans ce noble Adagio ! ) emporte l’enthousiasme du public, gratifié en bis de l’Andante de la Symphonie « L’Horloge ».
La tournée du programme « Tempête et passion » de la Petite Symphonie se poursuit (1) avec Sarrebourg (18/10), Lillebonne (5/01/21) et le Château d’Eu (6/01). Si l’occasion de présente à vous, ne la manquez surtout pas !
Alain Cochard
Les instrumentistes ne sont que 13 sur scène (2 violons, alto, violoncelle, contrebasse, traverso, 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors et pianoforte) pour le programme « Tempête et passion » présenté dans l’excellente acoustique de la Maison des Arts et Loisirs de Laon mais, dès l’ouverture de l’Isola disabitata de Haydn, on comprend que le résultat ne paraît en rien étique. Position debout pour tous les musiciens qui en ont la possibilité : la projection, la plénitude sonore, la complicité entre les exécutants soulignent idéalement le relief théâtral de la pièce. Voilà qui ouvre l’appétit !
Place ensuite au Concerto pour piano n° 2 en si bémol majeur ; le premier en réalité – et le moins fréquenté – du corpus beethovenien. « Sa musique déborde de souvenirs aussi bien que de prédictions » : la célèbre formule de Charles Rosen au sujet du compositeur allemand convient on ne peut mieux à un ouvrage que Daniel Isoir aborde sur un magnifique pianoforte (librement inspiré de Stein) signé du facteur Ryo Yoshida. La sonorité riche et lumineuse de l’instrument contribue évidemment à la réussite d’une interprétation qui rend pleinement compte de l’esprit d’un opus entre deux époques, deux sensiblités. On cède avec bonheur à l’énergie conquérante que le soliste apporte aux mouvements vifs, servis par un jeu aussi volubile que dominé. Tout le jeune Beethoven partant à la conquête de Vienne vibre ici, sans oublier un sens poétique à son comble dans un Adagio dont le lyrisme épanoui, mâtiné de ce qu’il faut de tension, témoigne d’une prenante intensité expressive.
Le nom de Joseph Martin Kraus (1756-1792), exact contemporain de Mozart, est rare dans les programmes ; on ne peut que féliciter la Petite Symphonie d’avoir retenu son Ouverture d’église VB 147. Sombre gravité de l’introduction, netteté des plans sonores et feu dans le déploiement de la fugue : la transition est on ne peut mieux trouvée vers la Symphonie n° 78 (1782) de Haydn placée en conclusion. De trois ans postérieur à L’Isola disabitata, cet ouvrage – comme tout ce qui a précédé au cours d’un programme d’un équilibre parfait – s’offre dans une interprétation pétrie d’intelligence et d’humanité. L’esprit chambriste qui unit les membres de la Petite Symphonie contribue à la juste caractérisation des épisodes successifs, de la couleur Sturm und Drang du Vivace initial à l'humeur enjouée du finale. Ce classicisme ardent, impatient (quel vie intérieure dans ce noble Adagio ! ) emporte l’enthousiasme du public, gratifié en bis de l’Andante de la Symphonie « L’Horloge ».
La tournée du programme « Tempête et passion » de la Petite Symphonie se poursuit (1) avec Sarrebourg (18/10), Lillebonne (5/01/21) et le Château d’Eu (6/01). Si l’occasion de présente à vous, ne la manquez surtout pas !
Alain Cochard
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