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Le retour de La Femme sans ombre à la Bastille
C’est l’histoire d’un renoncement libérateur : une immortelle doit pour enfanter subtiliser son ombre à une mortelle. Elle renonce et finalement un enfant lui sera donné. Hofmannsthal chérissait plus que tout autre cette fable dont le livret concédé à Strauss lui occasionna tant d’atermoiements. Du reste, il se donnera toute latitude pour en reprendre le sujet librement en un long conte où bien des personnages de l’opéra avouent d’autres facettes.
Pour Strauss, qui l’écrit en contrepoint à l’horreur du premier conflit mondial, Die Frau ohne Schatten est, après les rêves mozartiens d’Ariane à Naxos, un retour à Wagner, et pas seulement par l’abus de leitmotiv. Car cette histoire orientale, avec son monde divin et son unterwelt, son monde d’en dessous – celui des hommes – est une parabole absolument wagnérienne, somptueuse d‘orchestre, alternant comme Rheingold le sublime et le trivial, avec une portée philosophique assumée.
La vision épurée de Wilson, toujours chez lui lorsque la couleur orientale pointe son nez, irritera une fois de plus par son statisme : il y a ici un vrai théâtre – entre la nourrice et l’impératrice, entre Barak et sa femme surtout – qui n’a que faire du hiératisme –, mais la distribution promet quelques beaux moments – Franz Hawlata en Barak en tous cas. Et qui voudrait ne pas entendre, après son Elisabeth rayonnante, l’Impératrice d’Eva-Maria Westbroek ?
Jean-Charles Hoffelé
Richard Strauss, La Femme sans ombre, Opéra Bastille les 21, 24 28, 31 janvier, puis les 3, 7 et 10 février.
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Photo : Opéra de Paris/Eric Mahoudeau
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