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Le Retour d’Ulysse de Monteverdi par l’ensemble I Gemelli au 8e festival Concerts d’Automne de Tours (reprise à Nantes le 28/10) – En forme d’apothéose – Compte-rendu

 
Parallèlement à la sortie de son remarquable enregistrement du Ritorno d’Ulisse in patria (1), l’ensemble I Gemelli d’Emiliano Gonzalez Toro (photo) effectue une tournée de concerts (mis en espace) dans une dizaine de villes, parmi lesquelles Tours où le Grand-Théâtre l’accueilli dans le cadre du 8e festival Concerts d’automne. Une manière d’apothéose pour un concert-spectacle des plus rodés.

Douze chanteurs solistes (pour les dix-sept rôles) prennent place aux côtés d’une quinzaine d’instrumentistes, tous à même le plateau. L’ensemble, préparé par Gonzalez Toro, ici interprète d’Ulysse, bénéficie d’une mise en espace de Mathilde Étienne (3) (par ailleurs en charge du rôle de Melano) ; son apport se sent tout particulièrement dans le jeu scénique et les mimiques des solistes. Irrésistible ! Et ce qu’il faut pour cette trame mythologique tirée de L’Odyssée narrant au cours de ses trois heures les mésaventures d’Ulysse échappé de la mer dans son retour à sa terre et à sa promise Pénélope. Sachant toujours les incertitudes de cette partition attribuée à Monteverdi (qui s’apparente peut-être à un travail collectif sous sa direction), à partir de la seule partition retrouvée et de ses neuf (!) livrets différents. Cette suite de récitatifs et monologues sur fond de continuo, parsemée de ritournelles, prend alors vie, dans une proximité retrouvée de commedia dell’arte comme le souligne Mathilde Étienne.

 

© Remi Angeli

D’autant que les chanteurs, dans une distribution qui diffère pour partie de celle de l’enregistrement, ne sont pas en manque d’animation en sus d’une vocalité tout à fait circonstanciée. De même que pour le disque, Gonzalez Toro s’empare du rôle d’Ulysse avec la faconde dont il est coutumier de sa voix de ténor di grazia bien sentie. Pénélope est ici Fleur Barron, mezzo profonde qui sied à son personnage tourmenté. Zachary Wilder campe Telemaco d’une voix assurée et qui plus est, avec parfaite élocution italienne. Autre ténor (parmi neuf rôles pour cette tessiture !), Nicholas Scott figure le berger Eumete avec une vitalité de circonstance.
Signalons aussi, entre autres (car presque tous le mériteraient), Mayan Goldenfeld (Minerve, Fortuna), Christian Immler (Neptune), Juan Sancho (Mercure), Fulvio Bettini (Iro) pour leurs qualités vocales autant qu’expressives. L’orchestre, d’une quinzaine d’instruments autour d’un clavecin et d'orgue positif, équivalant aux suppositions pour la Venise de la création et ne sachant trop la formation d’origine, accompagne judicieusement, trouvant toujours les couleurs et les accents requis. Et les trois heures filent d’un trait.
 
A ceux qui auraient manqué le Ritorno tourageau d’I Gemelli, signalons que Gonzalez Toro et ses troupes se produiront bientôt à Nantes (28/10), Toulouse (28/11 & 2/12) & Bruxelles (30/11).
 
Pierre-René Serna

 

 
(1)  Sous la forme d’un luxueux livre-disque (Gemelli Factory) de 3CD et près de 200 pages comprenant, outre le livret (traduit par M. Etienne), un entretien d’Emiliano Gonzalez Toro avec Mathilde Etienne et une riche mise en situation de l’ouvrage de Monteverdi autour de cinq axes (Un opéra « comique » - Venise - Dialogue du rire et des larmes - Chants d’amour et de guerre - Echos d’Albion et d’Arcadie )

(2) Mathilde Etienne est co-fondatrice avec Emiliano Gonzalez Toro de l'ensemble I Gemelli, et a assuré la direction artistique de l’enregistrement du Ritorno.

 
 
Monteverdi : Il ritorno d’Ulisse in patria - Tours, Grand-Théâtre, 14 octobre 2023 ; prochaines dates : gemelli-factory.com/concerts/
 
Photo © Remi Angeli

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