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L’Élixir d’amour à l’Opéra Bastille – Jusqu’à plus soif – Compte-rendu
On a beau l'avoir bu et rebu, cet Élixir habilement concocté par Laurent Pelly se consomme toujours sans modération. Sa pyramide de bottes de foin, sa trattoria perdue dans la campagne italienne, son camion-éventaire et sa fête de village, imaginés par Chantal Thomas, ont un charme et une simplicité qui collent exactement à la ravissante comédie mise en musique par Donizetti.
De tous les couples qui se sont succédé sur la scène de la Bastille depuis 2006, celui réuni pour cette nouvelle reprise n'est pas loin d'être le meilleur. Vittorio Grigolo s'empare de Nemorino, jeune paysan dadais qui ne sait pas comment déclarer son amour à la séduisante Adina, avec une justesse et un naturel confondants. On le connaissait tragique pour l’avoir vu et entendu ici même dans Lucia di Lammermoor, La Bohème ou Rigoletto et le voilà comique, capable de toutes les facéties, drôle et déluré sous l'emprise de l'alcool, sans oublier d'être tendre et émouvant, chantant qui plus est, superbement et pas seulement « Una furtiva lagrima ». Une belle surprise !
Vittorio Grigolo (Nemorino) & Lisette Oropesa (Adina) © Guergana Damianova - Opéra national de Paris
Lisette Oropesa n'est pas en reste pour lui donner la réplique. Applaudie quelques jours avant pour sa performance en Marguerite de Valois des Huguenots, la soprano est une délicieuse Adina, jamais tête à claque, tout juste un peu capricieuse, qui se plait à tester Nemorino pour mieux se jeter dans ses bras. Sa voix n'a pas toujours la chance d'être suffisamment réverbérée dans ce décor ouvert, mais son chant projeté avec fermeté lui est d'une aide précieuse, notamment dans les ensembles.
Inattendu dans ce répertoire bouffe, Etienne Dupuis se tire assez bien du personnage de Belcore qu'il considère davantage comme un séducteur que comme un crétin, tandis que Gabriele Viviani tempère lui aussi les excès et les facilités dans lesquelles s'étaient vautrés plusieurs de ses prédécesseurs dans le rôle du Docteur Dulcamara. Charmante Giannetta d’Adriana Gonzalez, chœurs ( préparés par Alessandro Di Stefano) comme souvent inspirés, mais orchestre ronronnant dirigé sans plaisir par un Giacomo Sagripanti hostile à toute légèreté, à tout piquant et à toute espièglerie, à la différence du maestro Pido qui nous avait ravi en 2007.
François Lesueur
Donizetti : L’Élixir d’amour – Paris, Opéra Bastille, 30 octobre ; prochaines représentations 7, 10, 13, 16, 19, 22 et 25 novembre 2018 / www.concertclassic.com/concert/lelixir-damour
Photo © Guergana Damianova – Opéra national de Paris
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