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L’Ensemble Syntonia au CRR de Paris – Koechlin retrouvé
Figure trop oubliée de la musique française – mais, en 1930 déjà, René Dumesnil regrettait que l’artiste n’occupât point la place qu’il méritait au yeux du public, victime de « son dégoût pour tout ce qui ressemble à de la ”publicité” » ... –, Koechlin représente pourtant un maillon important entre Fauré, dont il fut le disciple en composition au Conservatoire de Paris (on sait que l’auteur de la Bonne Chanson, lorsqu’il était absent de sa classe, chargeait parfois son élève de le remplacer) (1), et Francis Poulenc dont il consolida l’autodidacte formation.
Créateur discret, farouchement libre et indépendant, Koechlin laisse une musique qu’il faut savoir apprivoiser. « Il faudra pour l’entendre un public qui ne soit pas pressé », remarquait, ô combien justement !, Fauré ; mais que de bonheur(s) pour ceux qui en prennent le temps ... Il n'est que d’entendre le début de la Sonate pour violon et piano op. 64 (1916) sous l’archet de Stéphanie Moraly, de savourer la manière dont le compositeur parvient à faire chanter la lumière, pour éprouver l’envie de poursuivre la découverte du bel enregistrement des Syntonia.
Après la Sonate en si majeur, où le violon radieux de S. Moraly s’unit au piano frémissant de couleurs de Romain David, tous les instrumentistes de retrouvent dans le Quintette op. 80 (1920-21). En quatre mouvements, à l’instar de la Sonate, l’ouvrage frappe par son ampleur et sa complexité. Un lacis musical dans lequel les interprètes se meuvent avec un plaisir palpable, sachant faire vibrer et chanter le moindre détail d’une musique imprégnée par la Nature ( « La Nature consolatrice ... », titre du troisième mouvement, vaut pour toute la partition) jusqu’à la solaire liesse du finale.
L’enregistrement des Syntonia s’avère d’autant plus précieux qu’il s’appuie sur une nouvelle édition des œuvres établie par Otfrid Nies. A partir des manuscrits, le musicologue allemand a relevé et corrigé une quantité invraisemblable d’erreurs de toutes sortes sur l’édition Durand, la seule jusqu’ici disponible.
L’hommage (en deux volets et en entrée libre) que les musiciens de Syntonia rendent à Koechlin allèche d’autant plus qu’il met en parallèle le compositeur et son maître Fauré : La Sonate n°2 pour violon et piano op. 108 de ce dernier côtoient d’abord la Sonate op. 64 (concert de 16h), avant que le Quintette avec piano n°2 op. 115 ne précède l’Opus 80 de Koechlin (à 18h). Dans le deux cas les œuvres sont très exactement contemporaines : une manière de souligner que, par-delà telle ou telle influence, l’enseignement de Fauré fut d’abord une belle école de liberté.
Alain Cochard
Ensemble Syntonia,
Œuvres de Koechlin et Fauré
10 septembre 2017 – à 16h et 18h (entrée libre dans la limite des places disponibles)
Paris – CRR (Auditorium Marcel Landowski)
www.syntoniapianoquintet.com
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