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Les 80 ans de Gilbert Amy à Radio France - La musique déployée - Compte-rendu
Gilbert Amy (photo) connaît bien la maison, lui qui fut en 1976 le tout premier directeur musical de « Nouvel orchestre philharmonique » de Radio France (après avoir été pendant six ans, à la suite de Pierre Boulez, celui du Domaine musical). Cet hommage, intelligemment composé en cinq concerts, a emmené le public de la Maison de la Radio à la découverte d’une œuvre vaste. De la musique de chambre au symphonique, en passant par la mélodie et l’électronique, l'univers de Gilbert Amy se révèle, marquée du sceau de la poésie, rigoureuse et en même temps très libre.
Le Mouvement pour quatuor de 1958, l’une des toutes premières pages conservées de Gilbert Amy, date des années de conservatoire : sous le modèle viennois, qui se souvient du lyrisme de Berg, se révèle le métier déjà solide et l’aisance, sinon encore l’originalité, du discours. C’est évidemment une personnalité autrement mûrie que font ensuite entendre, après une interprétation parfaitement investie des « Métamorphoses nocturnes » (1958) de Ligeti, les membres du Quatuor Hermès dans le Quatuor n° 3, composé entre 2008 et 2009. Le mouvement continu de cet ouvrage long d’une quinzaine de minutes fait apparaître à travers ses épisodes successifs une conception très organique de l’écriture, en une sorte de dialectique rêveuse. Le compositeur s’y inscrit en héritier d’une tradition – celle du quatuor comme forme à la fois codifiée et propice à l’invention, ce que l’interprétation vive, intelligente, riche en variations du Quatuor « Lever de soleil » de Haydn en fin de concert confirme absolument.
L’Orchestre est sans doute l’instrument qui permet à l’ample musique de Gilbert Amy de se déployer le plus aisément. Le Concerto pour violoncelle (2000) en est un bel exemple. Toute la musique y rayonne depuis le jeu du soliste (c’est ici le jeune et excellent violoncelliste allemand Leonard Elschenbroich qui reprend l’œuvre qu’avait créée Jean-Guihen Queyras). Comme pour le Quatuor n° 3, la forme, en sept mouvements enchaînés, est à la fois fermement conduite et d’apparence très libre, avec de grandes variations de la densité orchestrale.
Moins séduisante, de par sa conception plus « brute », l’autre œuvre de Gilbert Amy au programme de l’Orchestre philharmonique de Radio France, le triptyque L’Espace du souffle (2008) est cependant un bel exercice de virtuosité orchestrale. On y trouve parfois quelques échos rythmiques de Messiaen (déjà présents, du reste, dans le finale du Concerto pour violoncelle). En complément de programme, Stefan Asbury, qui dirige avec sérieux et sans effusion particulière, a d’ailleurs présenté une rareté, œuvre de jeunesse du compositeur-ornithologue, Le Tombeau resplendissant.
Jean-Guillaume Lebrun
Paris, Maison de la Radio, 5 novembre 2016
Photo Gilbert Amy © Alvaro Yañez
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