« Musique classique mais pas trop » : telle est la devise des Anches Hantées, un quatuor de clarinettes fondé il y a un peu plus de deux décennies et qui, projet après projet, s’attache à mettre la musique en scène. A se renouveler aussi, en imaginant des programmes inattendus, où figurent parfois des créations et auxquels des artistes venus d’autres horizons(danse, théâtre ...) s’associent à l'occasion. Un parfait exemple en est offert avec « Fanny M », dernier spectacle en date de l’ensemble, qui a fait l’objet d’un enregistrement (1) et d’un concert de présentation à Paris, salle Cortot, en avril dernier.
 
Pour ce nouveau projet, le quatuor a entrepris de transcrire deux quatuors : l’Opus 18 n° 1 de Beethoven et le Quatuor en mi bémol majeur de Fanny Mendelssohn. Des ouvrages pour cordes adaptés pour vents ? « Hold-up vivifiant » répondent avec le sourire les auteurs du délit et, de fait, le résultat s’avère pour le moins séduisant tant les partitions sont défendues avec engagement, variété des couleurs, des attaques, et musicalité.
Entre les deux pièces prend place Lettre à l’Immortelle Bien Aimée, une création de Richard Dubugnon en forme de mélodrame, sur les trois lettres retrouvées dans les papiers de Beethoven – qui ont fait couler des flots d’encre chez les musicologues. La pièce assure parfaitement la transition entre les deux quatuors, en offrant un bel écrin aux mots du compositeur, ce d’autant mieux que Didier Sandre y fait office de récitant. Trois lettres – jamais envoyées – à une mystérieuse destinatrice qui trouvent une réponse féminine dans l’unique Quatuor de Fanny Mendelssohn ...
Chaleureusement reçu par un public nombreux au printemps dernier à Cortot (il faut reconnaître que les Anches Hantées sont suivies par un fan club qui ne raterait pour rien au monde une de leurs apparitions), « Fanny M » sera donné les 16, 17 et 18 juillet dans le cadre du Off du Festival d’Avignon (avec le soutien de la FEVIS).

La force de la formation est aussi de continuer à faire vivre ses créations antérieures. On avait eu l’occasion de saluer en 2021 la réussite de leur « Opéra sans Diva » après un concert parisien à l’Européen. (2). Cette anthologie d’arrangements de pages, le plus souvent symphoniques, tirés d’ouvrages lyriques, que les musiciens accompagnent de commentaires plein d’humour, promet de faire les délices du public du Festival de la Vézère où, après une étape aux Escales Musicales du bassin d’Arcachon (le 20/07), elle sera reprise deux fois (10h et 19 h) le 22 juillet.
Une excellente manière de préluder à la rituelle venue de la compagnie Diva Opéra à La Vézère (les 4, 5 & 6 août, pour Rigoletto et L’Elixir d’amour)