L’ouverture de la 21^e édition des Festes Baroques approche et, à partir du 25 juin, on dégustera le cru 2024 d’un festival dont Xavier Julien-Laferrière assure la direction depuis une douzaine d’années. Les archets sont très présents chez les Julien-Laferrière. Bien avant Victor et Alice, ses neveu et nièce, Xavier Julien-Laferrière (photo) avait choisi le violon et était devenu membre de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Vers la seconde moitié des années 1980, il éprouva « un vrai coup de foudre » pour la révolution baroque en cours. Il ne tarda pas à aller étudier auprès de Chiara Banchini à Genève, puis avec Sigiswald Kuijken à Bruxelles ou La Haye, et à être invité dans divers ensembles. En 1987, il figurait dans l’orchestre d’un Atys dont la portée historique n’est plus à souligner. « À un moment, il m’a fallu choisir entre la baroque et l’Orchestre Philharmonique, et j’ai décidé. »
 

Marco Angioloni © DR

Les premiers contacts de Xavier Julien-Laferrière avec les Festes Baroques remontent au début de la décennie 2000. De 2003 à 2010, il participait en tant que professeur au stage de formation organisé parallèlement au festival, et prenait part parfois à certains concerts. Depuis l’arrivée du violoniste à sa tête, la manifestation est restée fidèle au projet initial consistant à organiser des concerts dans des propriétés viticoles du sud de Bordeaux (parmi lesquels le Château Smith Haut Lafitte, visité par Charles III en septembre dernier). « Chaque concert est suivi d’une dégustation qui offre prétexte à un moment convivial où un public fidèle et local échange des impressions. »
 Le contenu de l’affiche proposée à quant à lui évolué : « au début des années 2000, les Festes, qui ont vu passer des figures telles que Savall, Leonhardt ou les frères Kuijken, présentaient un aspect plutôt musicologique, se souvient Xavier Julien-Laferrière. Ce qui m’intéresse de plus en plus c’est que le baroque soit un mot magique permettant de voyager dans diverses disciplines. »
 

Ensemble Comet Musicke © DR
 
A preuve, on trouve cette année du théâtre musical avec « Barriques baroques » par l’Ensemble Artifices ; un spectacle écrit par Pierre-Alain Four, présenté lors de la soirée inaugurale. Xavier Julien-Laferrière, directeur artistique et instrumentiste qui à l’élégance de très peu se programmer, sera toutefois présent lors d’une soirée très originale mêlant musique et ... origami ! Un pli selon pli en mode baroque qui verra l’instrumentiste entouré de l’origamiste Angélique Cormier et du comédien Pierre Adam.(3/07)
Avec FugaCités (2/07) par le Concert de l’Hostel-Dieu et des membres de la Compagnie de Mourad Merzouki, la baroque nouera une tonique alliance avec les cultures urbaines. On trouvera aussi un clin d’œil –  discret – aux Jeux Olympiques, et à une discipline où les Français excellent en général : l’escrime, avec le spectacle « Guerra Amorosa » de l’inventif ensemble Comet Musicke.(4/07) Un exemple parmi d’autres de l’ouverture des Festes Baroques aux interprètes de la nouvelle génération, en lien étroit avec le réseau européen REMA. (1)
 
Ces propositions où diverses disciplines se croisent coexistent avec des programmes plus traditionnels mais non moins alléchants, tel celui, tout français, « à 2 violes esgales » de Myriam Rignol et Mathilde Vialle. (28/06), ou encore le « Folk songs & Love songs » des Tritons Réunis (27/06). Quant à l’affiche du 21e festival, elle lance un clin d’œil au « Canto delle Nutrice » (le chant de la nourrice) que le ténor Marco Angioloni offrira en compagnie du jeune orchestre Il Groviglio (26/06) avec des airs tirés d’ouvrages de Cavalli, Stradella, Draghi et Provenzale.
 
Alain Cochard