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Les Inestimables Chroniques du bon géant Gargantua de Jean Françaix par le Paris Mozart Orchestra à la Seine Musicale – De Mozart à Rabelais

A l’instar du centenaire de la naissance du musicien en 2012, le 20e anniversaire de la disparition de Jean Françaix (1912-1997) n’aura que trop peu inspiré les interprètes et les programmateurs français – on n’est pas allé vérifier mais on prend le pari qu’outre-Manche et outre-Rhin le musicien aura été plus gâté que chez nous. En tout cas, pour qui veut faire preuve d’un peu de curiosité et d’originalité, son vaste catalogue offre une infinité de choix, du piano à l’opéra, à l’oratorio ou au ballet, du duetto au dixtuor, sans oublier quantité d’ouvrages symphoniques – dont de très nombreux concertos (1)

Nadia Boulanger (« Mademoiselle » s’émerveillait des dons d’un gamin « né sachant l’harmonie ») et Isidore Philipp jouèrent un rôle déterminant dans la formation d’un créateur ouvertement inscrit dans la lignée de l’auteur de la Bourrée fantasque – « le cher Emmanuel Chabrier est mon bon maître », avouait-il.

Jean Français au piano © Christine Paillard
 
Beaucoup d’esprit, de légèreté dans la musique de Françaix ? Certes, et ladite légèreté vaut mille fois mieux que la prétentieuse lourdeur de musiques à écouter « la tête entre les mains », remarquait Manuel Rosenthal, fervent avocat du compositeur. Que l’on se garde bien pourtant de le considérer sous un jour trop univoque : à côté du piquant, tendre et lumineux Concertino pour piano (1932), ouvrage de jeunesse qui fit tant pour sa réputation, des réalisaions telles que L’Apocalypse selon Saint-Jean (1939) révèlent un tout autre visage de lui.
Ceux qui, on a la chance d’en faire partie, ont eu le bonheur de rencontrer Jean Françaix ne sont pas près d’oublier, derrière les épais verres des lunettes, son regard malicieux, expression d’un intense bonheur de vivre et de créer.

Claire Gibault (photo) et son Paris Mozart Orchestra n’avaient pas oublié Jean Françaix en 2012, inscrivant à leur répertoire Les Inestimables Chroniques du bon géant Gargantua pour récitant et orchestre à cordes. La commémoration du 20e anniversaire de la mort du musicien leur offre l’occasion de revenir à cette partition (datée de 1971) dans le cadre d’un concert à la Seine Musicale.

« Au commencement du monde ou à peu près – je n’y étais pas – au commencement était le verre, la bouteille. » : la première phrase des Inestimables Chroniques donne le ton d’un savoureux ouvrage dont le texte sera confié à Eric Genovese. Et pour introduire la belle rencontre de Rabelais et Françaix, Mozart et sa Sérénade nocturne KV 239 sont conviés. Bref, un vraiment moment de plaisir s’annonce – et si vous n’avez pas encore découvert l’Auditorium de la Seine Musicale, le prétexte est tout trouvé !

Alain Cochard
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(1) Pour en savoir plus sur Jean Françaix, on se reportera au site www.jeanfrancaix.com, très documenté
 
Paris Mozart Orchestra, dir. Claire Gibault / Eric Genovese, récitant
Œuvres de Mozart et Françaix
28 décembre – 20h30
Boulogne-Billancourt – Auditorium de la Seine Musicale
www.concertclassic.com/concert/rabelais-en-musique
 
Photo © DR
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