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Lise de la Salle en concert avec l’Orchestre de l’Opéra de Toulon – La musique et la vie
Pays-Bas, Allemagne, Etats-Unis, Autriche, Italie, Suisse : depuis quelques semaines – et c’est une tendance dominante s’agissant de cette artiste – l’activité de Lise de la Salle se situe au-delà de nos frontières. Le 27 juin toutefois, le public de l’Opéra de Toulon aura le bonheur de l’entendre dans le 20ème Concerto KV 466 de Mozart.
Riche parcours que celui accompli depuis le tout début de la décennie 2000. A quinze ans, la pianiste commençait sa carrière discographique avec la sortie remarquée d’un premier album (Rachmaninov/Ravel) chez Naïve. Débuts au disque, mais elle était déjà forte d’une solide expérience de la scène depuis l’enfance et avait, à 13 ans, remplacé Mikhaïl Rudy avec l’Orchestre de l’Opéra d’Avignon – un souvenir très présent dans sa mémoire ; son « premier concert important ».
Être honnête avec la musique et avec le public
Avec un agenda continûment bien rempli, Lise de la Salle est passée sans heurt de ses débuts d’enfant prodige à l’âge adulte. « J’ai eu la chance de commencer très tôt la carrière et n’ai fait que continuer à faire ce que je faisais sans me poser de question, je n’ai pas la sensation d’avoir eu à franchir un cap, confie-t-elle. Dès mes premières apparitions dans des lieux importants j’ai toujours été réinvitée et j’ai établi des relations solides avec de grandes salles et de grands orchestres. J’ai continué sur ma voie en essayant d’être honnête avec la musique et avec le public. »
L’interprète donne un moyenne de 60-70 concerts par an et a le sentiment d’avoir « trouvé son rythme croisière ». Il lui serait aisé d’augmenter la cadence, mais elle préfère s’offrir « le luxe, dans un monde où tout va vite, de prendre le temps de vivre avec l’œuvre, d’évoluer avec elle, avant de la jouer en concert. La musique a besoin de nous, besoin de se nourrir de nos expériences. La vie… ça se vit ! ; si on la passe entre avions, hôtels, répétitions et concerts, sans vie personnelle à côté, à un moment on devient vide, creux, sans intensité et je ne veux surtout pas de ça ! »
En quête de simplicité et d’intensité
A son rythme, elle profite de ce qui fait la richesse d’un métier où l’on est « toujours en train d’apprendre quelque chose de quelqu’un. Même si on a des points de vue différents, voire des désaccords, avec le ou les musiciens avec lesquels on travaille, c’est toujours instructif et cela crée une dynamique intellectuelle et artistique très enrichissante.
Parmi les grandes rencontres qui l’on marquée, Lise de la Salle mentionne en premier lieu le chef Fabio Luisi, avec lequel elle entretient « un rapport très privilégié ». « J’ai beaucoup appris de lui, reconnaît-t-elle, et pourtant c’est l’un des chefs avec lesquels je parle le moins. Beaucoup appris en le voyant travailler avec l’orchestre, appris de sa quête de simplicité et d’intensité, de sa manière d’aller droit au but. J’y suis d’autant plus sensible que c’est la direction dans laquelle je sens que j’évolue. » Une résidence de trois concerts à l’Opéra de Zurich cette saison est d’ailleurs venue illustrer cette collaboration étroite avec le maestro italien.
La musique de chambre ? Lise de la Salle a joué plusieurs fois avec le Quatuor Modigliani par exemple et se réjouit par avance des occasions qui pourraient à nouveau se présenter mais il ne s’agit pas là d’une collaboration régulière ; l’aspect chambriste reste peu présent pour l’instant dans ses activités. Nulle précipitation là encore : « Je pense que les choses arrivent quand elles doivent arriver et si un coup de foudre musical se produit avec un ou des partenaires nous mettrons en place un travail régulier et une relation forte s’établira, telle que celle que j’ai avec Fabio Luisi dans le domaine de l’orchestre. ».
Un premier CD Schumann
Septième CD (1) pour Naïve depuis 2003, le bel album qui vient tout juste de paraître marque la première incursion discographique de Lise de la Salle en terre schumanienne. Kinderzenen, Variations Abbeg, Fantaisie op. 17 : face à l’univers « riche, intense, complexe » du compositeur romantique, l’interprète a préféré attendre de se sentir prête, « de ressentir physiquement que le moment était venu pour faire vibrer cette musique, sa folie intérieure.» Pour dire la « joie » qui habite les Abbeg, « la recherche d’un paradis perdu » dans les Scènes d’enfants, et pour se sentir digne de la place que la Fantaisie occupe dans son cœur : « mon œuvre préférée de Schumann, devant les Kreisleriana et le Carnaval ; elle me bouleverse de la première à la dernière note. »
Jean-François Verdier / © DR
Dans l’immédiat, c’est à Mozart et à son Concerto en ré mineur, KV 466 que Lise de la Salle se consacre, le 27 juin, avec l’Orchestre de l’Opéra de Toulon dirigé par Jean-François Verdier. Première rencontre prometteuse avec une baguette dont la précision et la simplicité passionnée ne sont plus à saluer. Elles ne devraient par moins convaincre dans l’Ouverture de La Vergine del Sole de Cimarosa et la 40ème Symphonie.
Alain Cochard
(Entretien avec Lise de la Salle réalisé le 30 mai 2014)
(1) 1 CD Naïve V 5364
Orchestre de l’Opéra de Toulon, dir. Jean-François Verdier
Lise de la Salle, piano
Œuvres de Cimarosa et Mozart
27 juin 2014 – 20h30
Toulon – Opéra (et non à la Tour Royale comme prévue initialement)
www.operadetoulon.fr
Site de Lise de la Salle : http://lisedelasalle.com
Photos Lise de la Salle / © Lynn Goldsmith
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