L’heure de la rentrée sonne dimanche prochain pour l’Orchestre Lamoureux et la saison qui démarre fait figure de nouveau départ dans la longue histoire d'une phalange installée dans le paysage musical parisien depuis 1881. Fin 2018, sa rencontre avec Adrien Perruchon (photo) a été un vrai coup de foudre, à tel point que la formation, qui s’orientait vers un fonctionnement sans directeur musical permanent depuis le départ de Fayçal Karoui en 2015, a changé d’avis et décidé d’envisager l’avenir sous la conduite d’un jeune chef (né en 1983) dont la personnalité suscite l’enthousiasme partout où il se présente.
Timbalier super soliste au Philharmonique de Radio France, Adrien Perruchon a été révélé au public parisien en décembre 2014, à l’occasion du remplacement au pied levé de Lionel Bringuier pour trois concerts avec le Philhar. Un franc succès dont Concertclassic s’était fait l’écho sous la plume de Michel le Naour (1) Il récoltait là les fruits de plusieurs années de travail auprès d’aînés tels qu’Esa Pekka Salonen, Alain Altinoglu ou François-Xavier Roth – de travail et ... d’observation attentive depuis son poste de timbalier ! Très vite, les invitations se sont multipliées pour une baguette à son aise tant dans le domaine symphonique que lyrique (son Roi Carotte d’Offenbach, plein de peps, a fait grande impression à l’Opéra de Lyon fin 2019).

La rencontre avec l’Orchestre Lamoureux à l’automne 2018 aura décidé de la suite du parcours d’un artiste qui, nommé directeur musical en février dernier, attaque sa première saison. Intitulé « Renaissances », le concert d’ouverture qu’Adrien Perruchon dirige le 19 septembre à Gaveau est emblématique des programmes variés qu’il entend proposer et correspond pleinement à l’esprit populaire, au sens le plus noble du terme, de concerts de 17h au public très familial.
Avec le Carnaval romain de Berlioz et l’inoxydable « Pastorale » de Beethoven – symphonie ô combien révélatrice des qualités d’un chef ... –, les amateurs de grands classiques seront comblés. Reste que les curieux d’œuvres rares trouveront aussi leur bonheur avec le Concerto pour alto de la Polonaise Grażyna Bacewicz (1909-1969). Adrien Perruchon a exprimé sa volonté de valoriser le capital historique de l’Orchestre Lamoureux : ce qu’il fait d’emblée en se souvenant des liens que la formation avait noués avec une compositrice (doublée d’une remarquable violoniste !) venue étudier à Paris auprès de Nadia Boulanger durant les années trente. Postérieure de trois ans à celle du 7e Concerto pour violon, la composition du Concerto pour alto (1968), œuvre concentrée (une vingtaine de minutes) et prenante, s’inscrit à la toute fin du parcours d’une créatrice majeure, bien trop méconnue en France, envers laquelle Witold Lutoslawski ne cachait par son admiration. Une belle découverte en perspective pour beaucoup d’auditeurs, d’autant plus tentante qu’Adrien Perruchon a confié la partie soliste à l’archet de la remarquable Lise Berthaud.
 
Alain Cochard