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Louis Rodde & Gwendal Giguelay jouent Fauré et Ropartz – Le Disque de la Semaine
Gabriel Fauré : Sonates n° 1 en ré mineur op. 109 et n° 2 en sol mineur op. 117 / Joseph-Guy Ropartz : Sonate n° 2 en la mineur / Louis Rodde (violoncelle) & Gwendal Giguelay (piano) - 1 CD NoMadMusic NMM037 ( sortie le 22 novembre)
La jeune génération du violoncelle français se distingue une fois de plus ; on ne va pas s’en plaindre ! Avec Fanny Robillard (violon) et Paloma Kouider (piano), Louis Rodde participe depuis 2009 au Trio Karénine, ensemble remarquable – et d’ailleurs remarqué et distingué en 2013 par le Concours de l’ARD de Munich. Mais on a parfois aussi le bonheur d’entendre en soliste ou en duo l’ancien élève de Roland Pidoux, Xavier Phillips, Peter Bruns et Clemens Hagen. C’est le cas avec le programme Fauré-Ropartz qu'il propose avec la complicité de Gwendal Giguelay, fin musicien et excellent chambriste formé pour sa part à l’école de Jean-Claude Pennetier et du Quatuor Ysaÿe.
Les deux Sonates pour violoncelle et piano de Fauré (1845-1924) et la 2ème Sonate de Ropartz (1864-1955) ne se rangent pas parmi pas les opus les plus courus de la musique française du début du XXe siècle, mais ce sont là trois réalisations somptueuses et presque exactement contemporaines - 1917 et 1921 pour les Fauré, 1919 pour Ropartz – dont la réunion forme un ensemble d’une cohérence stylistique parfaite.
Des musiques réputées difficiles ? Abandonnez les a priori et laissez-vous séduire par une prégnante interprétation, comme accordée aux couleurs de l’automne. Louis Rodde possède le souffle et la longueur d’archet requis dans ces partitions. Ce qu’il faut de tension, mais aucune brusquerie : le premier mouvement de la Sonate op. 109 de Fauré, parcouru d’une foisonnante vie souterraine, donne le ton d’un enregistrement tout à la fois ardent et pudique, comme le montre si bien l’Andante de la 2ème Sonate op. 117 - entre lyrisme intense et secrètes opalescences - au cœur d’un ouvrage que les deux jeunes interprètes habitent avec ce qu’Henri de Régnier qualifierait d’ « exaltation mélancolique ».
Louis Rodde & Gwendal Giguelay © Béatrice Cruveiller
L’oxymore vaut, sans doute plus encore pour la trop méconnue Sonate en la mineur que Guy Ropartz écrivit entre 1918 et 1919. On ne peut s’empêcher d’associer les deux premiers mouvements, sombres, au contexte historique (et à la mort d’Albéric Magnard, grand ami du compositeur breton, disparu au tout début du conflit ...). Splendide, la partition sort grandie de la confrontation avec les opus fauréens, mais surtout de son appropriation par des interprètes qui en sondent les richesses, avec tact et noblesse.
On regrette qu’elle ne figure pas au programme du concert que Louis Rodde et Gwendal Giguelay donnent le 14 novembre prochain à Paris. Mais hors de question de bouder son plaisir car la confrontation franco-russe sur laquelle repose leur programme (Sonate n° 1 de Fauré, Suite italienne de Stravinski, Elégie de Fauré et Sonate op. 19 de Rachmaninov) augure du meilleur - dans le cadre parfait des Bouffes du Nord de surcroît !
Alain Cochard
Louis Rodde ( violoncelle), Gwendal Giguelay (piano)
Œuvres de Fauré, Stravinski & Rachmaninov
14 novembre 2016 – 20h 30
Paris – Théâtre des Bouffes du Nord
www.bouffesdunord.com/fr/la-saison/louis-rodde-gwendal-giguelay
le disque de la semaine 6789
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