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M. Goerne, C. Eschenbach et l’Orchestre de Paris - Digne de son maître - Compte-rendu
L’Orchestre de Paris a créé l’événement en inscrivant à son répertoire les Scènes chantées tirées par Karl Amadeus Hartmann (1905-1963) de Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux sous la baguette de son ancien patron Christoph Eschenbach avec le magnifique baryton Matthias Goerne (photo). Le compositeur mourut avant d’achever son monodrame qui marque le terme de l’expressionnisme allemand et la musique s’interrompt sous les ultimes phrases parlées. Il faut toute la musicalité du timbre de Goerne pour empêcher alors la tension dramatique de retomber !
Car le disciple de Fischer-Dieskau se montre digne de son maître qui avait assuré la création des ces mêmes Scènes chantées à Francfort en 1964 : pas un mot ne se perd même au milieu des plus rudes déferlements de percussions. Le chef pianiste se montre pourtant le plus attentif des accompagnateurs tout en pénétrant au coeur de cette stupéfiante synthèse de la seconde école de Vienne et de Mahler. Espérons que la qualité de cette interprétation permettra à l’œuvre de sortir du purgatoire où elle croupit depuis un demi-siècle.
Après un tel sommet, on s’en voudrait d’être trop sévère à l’égard d’une 5ème Symphonie de Tchaïkovsky qui occupait la seconde partie de la soirée. Mais le chef a bien du mal à endiguer le flot de guimauve et quand il se décide à empoigner le dernier mouvement, c’est carrément « à la prussienne » ! Les musiciens ne déméritent pas un instant : on sent que leur nouveau directeur musical les a initiés à la musique russe. Mais interpréter ça n’est pas seulement bien faire les notes…
Jacques Doucelin
Paris, 29 mai, Salle Pleyel
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Photo : Jean-Baptiste Millot
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