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« Métamorphoses » au Centre de musique de chambre de Paris / Salle Cortot – Tout se transforme – Compte-rendu
« Métamorphoses » donc : l’ouvrage de Richard Strauss a servi de point de départ à un spectacle, conçu et mis en espace par J. Pernoo, avec le précieux concours de Ding Tian pour les dessins et d’Auriane Sacoman et Charly Mandon pour la partie morphose et animation vidéo. Sur scène huit jeunes et excellents musiciens (Madgalena Geka et Vassily Chmykov, violons ; Vladimir Percevic et Mathis Rochat, altos ; Jérémy Gabarg et Adrien Bellom, violoncelles, Cécile-Laure Kouassi, contrebasse, et Kojiro Okada, piano) se partagent un programme placé d’une manière ou d’une autre sous le signe de la métamorphose, de la transformation (In Nomine a 7 de Purcell, Allegro du Quatuor avec piano n° 2 de Mozart, une partie des Variations Eroica de Beethoven, la mélodie Papillon de Fauré en version violoncelle et piano, le début des Métamorphoses nocturnes de Ligeti et, enfin, les Metamorphosen de Strauss dans leur mouture première pour septuor à cordes).
Début de programme dans l’obscurité : les archets, réunis en cercle, donnent à la pièce Purcell des accents de célébration secrète. Les dessins de Ding Tian ne tardent pas à s’animer (imaginez le trait d’une craie sur un tableau noir) et accompagnent avec mobilité, tact, humour aussi (utilisation farceuse du bicorne de l’aigle corse pendant les Eroica !) le spectacle, tout comme viennent le ponctuer des citations littéraires, choisies avec justesse et parcimonie (Ovide, Goethe, Kafka, Giraudoux), projetées en fond de scène.
Mais ce n’est là que le contrepoint visuel d’une partie musicale qui demeure centrale et où les jeunes instrumentistes du Centre se distinguent encore une fois par leur exemplaire préparation et le niveau de l’exécution. On imagine les heures de travail qu’auront réclamé ces admirables Métamorphoses nocturnes, jouées par cœur dans l’obscurité ... On n’a pas été moins sensible au chic et à la ligne racée du Mozart, aux Eroica fermement tenues de Kojiro Okada, jeune artiste prometteur déjà repéré lors du « Beethoven Labyrinthus » du Centre en janvier 2019 (1), qui se fait merveilleux accompagnateur de l’archet de Jérémy Gabarg dans un Papillon fauréen d’une impalpable légèreté. Quant aux Metamorphosen de Strauss, il n’est plus nécessaire de s’attarder sur l’origine de leur atmosphère sombre et résignée - « Deuil pour Munich » ... Tout l’art des jeunes musiciens et du spectacle dans lequel la pièce s’insère est de la transcender pour en faire jaillir lumière et espérance, les deux dernières répliques de l’Electre de Giraudoux accompagnant les dernière mesures.
« Cela s’appelle l’aurore » ...
« Métamorphoses » constitue le dernier concert-spectacle de la saison du Centre de musique de chambre et tient l’affiche jusqu’au 21 mars, les jeudis, vendredis et samedis à 21h. Notez que la soirée peut, si vous le souhaitez, commencer dès 19h30 avec deux ouvrages de Jérôme Ducros (Trio pour deux violoncelles et piano, Trio pour violon, violoncelle et piano) joués par William Hagen, Jérôme Pernoo, Bruno Philippe et Kojiro Okada. Quant au dernier Bach and Breakfast de l’année, il se déroulera le 15 mars autour de la Cantate BWV 46, le rituel Bœuf de chambre de clôture étant lui fixé au 28 mars.
Signalons enfin que la campagne de soutien à la 6ème Saison du Centre vient d’être lancée : objectif 45.000 € pour le 31 mars !
Alain Cochard
www.concertclassic.com/article/beethoven-labyrinthus-au-centre-de-musique-de-chambre-de-paris-salle-cortot-dans-la-tete-de
Paris, Salle Cortot, 5 mars ; les jeudis, vendredis et samedis jusqu’au 21 mars 2020 // www.centredemusiquedechambre.paris/
Photo © Jeroen Suys
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