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Metz - Compte-rendu : Opéra-Théâtre - Ouverture en demi-teinte
Souhaitant renouveler le diptyque Pagliacci/Cavalleria, Eric Chevalier propose en ouverture de saison le couplage : Cavalleria/Le Villi ; le spectacle aura pour fil rouge la vengeance amoureuse. Le pari est-il réussi ? Totalement sur le plan visuel et celui de la direction d’acteur. Une façade d’église avec un éclairage intensif, pour Cavalleria, sera le témoin de la jalousie obsédante de Santuzza. Une vue sur les Alpes bavaroises pour le premier tableau des Villi, un lac baigné par une clarté lunaire, où de magnifiques lumières d’un bleu glacial, suffisent à créer l’ambiance sélénite propice aux rondes démoniaques des Villi (excellent ballet de l’Opéra-Théâtre !).
Malheureusement, sur le plan vocal, tout n’est pas parfait. La faute en incombe d’abord aux deux protagonistes de Cavalleria, malgré un timbre d’une grande élégance, Anne-Marguerite Werster ne possède en rien la vocalita de Santuzza. Graves et médium inconsistants, aigus pris sur la pointe des pieds, sans vaillance, Nicolas Gambotti (Turridu), aux notes de passage difficiles, plafonne dès la Sicilienne. Son timbre manque de rayonnement, ce qui a pour conséquence de faire tomber à plat le grand duo, passage stratégique de l’ouvrage. Heureusement sa voix se libère au cours du spectacle et il réussit à sauver de justesse le Brindisi. Est-ce rendre service à des artistes que de les distribuer dans des rôles dont visiblement ils n’ont pas les moyens ?
Alfio vindicatif d’Arnaud Delmotte au baryton corsé, qui réussit son air d’entrée (« Il cavallo scalpita »), Lucie Roche (Mamma Lucia) et Maryseult Wieczorek (Lola) qui possède la voix d’un grand lyrique - voilà une vraie Santuzza ! -, viennent compléter une distribution par trop inégale. Le plateau des Villi s’avère autrement plus convaincant. Nathalie Boissy, possède, non seulement le physique d’Anna, mais en a également la couleur idéale. Aigus puissants, médium chaleureux que viennent compléter des graves naturels. Quelle science du phrasé puccinien ! Maurizio Comencini offre le timbre généreux des ténors italiens dont la voix, posée sur une colonne d’air sans faille, permet de passer du grave à l’aigu sans rupture des registres.
Marcel Vanaud ressuscite les grandes voix légendaires - Borthayre, Bianco et plus près de nous Ernest Blanc. Voix incisive, aigus tranchants, ligne de chant et diction parfaites : sa malédiction au second tableau vous cloue sur place. Narratrice bien en situation de Linda Montecchianni. Chorégraphie admirablement réglée par Patrick Salliot. Chœur d’une grande homogénéité et à la musicalité parfaite, préparé par Jean-Pierre Aniorte.
L’Orchestre National de Lorraine brille de tous ses feux grâce à la direction vive et contrasté de Giuseppe Grazioli. Les cordes rivalisent de beauté sonore avec des cuivres rageurs complétés par une petite harmonie chatoyante. Une ouverture de saison en demi-teinte.
Bernard Niedda
Opéra-Théâtre de Metz, le 9 octobre
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