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Michel Dalberto et Dan Zhu aux « Solistes à Bagatelle » – Dialogue contrasté – Compte-rendu
Dans le cadre d’une carte blanche offerte à Michel Dalberto (photo), les Solistes à Bagatelle offraient, deux concerts en un avec récital et musique de chambre, une formule qui a fait ses preuves. Œuvres du répertoire et créations contemporaines étaient convoquées avec, invité en seconde partie, le violoniste chinois Dan Zhu (37 ans) – un disciple de Gérard Poulet, d’ailleurs présent parmi le public l’Orangerie.
Le piano de Dalberto prend une dimension orchestrale dans les Scènes de la forêt de Schumann et préfère, à l’intimisme, une démonstration de puissance contrôlée qui n’oublie pas pour autant mystère et poésie (L’Oiseau prophète). Italienne (2001) de Bruno Mantovani rend hommage à Rameau mais s’éloigne de son modèle (la Suite en la) dans un exercice répétitif, virtuose et entêtant où la vélocité du soliste fait merveille. Prise à bras-le-corps, la Fantaisie de Schumann devient plus qu’un cri en direction de Clara, un vaste poème exploré avec force et fièvre dont on ne sort pas indemne.
Dan Zhu © DoDO Jin Ming
L’association avec Dan Zhu ne sera pas non plus un long fleuve tranquille : face à la sonorité fine et assez peu projetée d’un violon sensible dans la Sonate en la majeur KV 526 de Mozart, la verve du pianiste tend à s’imposer, voire à déséquilibrer le dialogue. Au fur et à mesure, l’archet parfaitement maîtrisé prend ses marques et trouve dans les Three Fantasies de Bright Sheng (né en 1955) – données en création française – une qualité de timbre et une variété de couleurs entre rêve, folklore imaginaire tibétain et chant d’amour surgi d’un voyage au Kazakhstan.
La redoutable Fantaisie en ut majeur D. 934 de Schubert met à égalité les deux partenaires : au clavier souverain et libre de Dalberto répond la subtilité fluide d’un Dan Zhu très à l’aise dans cette partition à l’imagination sans cesse renouvelée. En bis, le Kupelwieser-Walzer de Schubert (transcr. par Richard Strauss), interprété avec tact et aisance, laisse flotter de subtiles fragrances. Le style avant toute chose ... pour le bonheur d'un public aux anges !
Michel Le Naour
Paris, Orangerie de Bagatelle, le 7 septembre 2019
Photo © DR
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