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Nancy - Compte-rendu : l’Elixir d’amour de Donizetti, un tableau féérique
Première mise en scène pour Omar Porras à l’Opéra National de Lorraine, et pari réussi tant ce qu’il nous donne à voir est empli de poésie et sonne juste. Faunes, nymphes, fantômes et lutins peuplent le livre d’images qui se déroule devant nous et nous transporte dans le monde imaginaire de l’enfance. Dans ce contexte, Adina et Nemorino deviennent deux faunes plein de malice, Dulcamara un « Goupil » rusé, et Belcore un « Chanteclerc » qui se pavane et se dresse sur ses ergots sitôt que paraît la gente féminine.
A la hauteur de cette production magique, la distribution est dominée par l’Adina de Maïra Kerey et par le Némorino du ténor Soner Bülent Bezdüz. Avec une voix bien timbrée, un aigu stable, Maïra Kerey donne vie à un personnage plein de charme, avec des instants de tendresse qui ne peuvent laisser indifférent. Son amoureux, Soner Bülent Bezdüz, appartient à ces ténors dont la voix allie souplesse et vaillance. Articulation parfaite, demi-teintes bien négociées : l’air «Una furtiva lagrima » soulève l’enthousiasme de la salle !
Till Fechner, avait la rude tâche de donner vie au personnage de Dulcamara et réussit sa prise de rôle au-delà de toute espérance ! Avec une voix généreuse, doublée d’une articulation parfaite, il offre de son air d’entrée une interprétation très fine. Les vocalises sont exécutées avec un art consommé du bel canto. Nigel Smith ne démérite pas dans le personnage de Belcore et, d’une voix ample et généreuse, lui donne toute l’ampleur souhaitée. Seul point faible d’une distribution qui fait honneur à Donizetti, la Giannetta de Laure Baert. La voix est agréable, mais hélas elle passe difficilement l’orchestre. Peut-être une erreur de distribution pour une artiste que l’on a entendue dans de meilleures conditions…
Les choeurs dirigés par Mérion Powell se révèlent d’une justesse impeccable et prouvent qu’ils ont gagné en homogénéité. L’autre heureuse surprise de ce spectacle drôle et rafraîchissant, vient du jeune chef Sébastien Rouland. Il obtient l’Orchestre Symphonique et Lyrique de Nancy une palette de couleurs et une finesse de son qu’on ne lui connaissait pas à ce jour. Un excellent chef lyrique qui sait varier les climats d’une partition qui n’en manque pas !
Bernard Niedda
Opéra National de Lorraine, le 3 février 2006.
Photo : DR
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