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Nomination de Paavo Järvi
Bien peu de confrères pour assister, mercredi dernier, à un concert événement de l’Orchestre de Paris salle Pleyel. Il s’agissait de l’annonce officielle par le conseil d’administration de la nomination à sa tête du chef estonien naturalisé américain Paavo Järvi à partir de la rentrée 2010. A 44 ans, ce disciple de Leonard Bernstein arbore le physique et le visage impénétrable de …Poutine. Mais l’orchestre est son monde depuis toujours puisqu’il est le fils du grand Neeme Järvi formé à la fameuse école russe de Mravinsky à Leningrad.
Le choix artistique est indiscutable d’autant que les représentants de l’orchestre y ont été étroitement associés. Le seul à ne pas se réjouir d’une annonce qu’il estime hâtive est l’actuel directeur musical Christoph Eschenbach. Trois ans, c’est le délai prévu par les statuts des grandes phalanges et il pourra terminer son actuel mandat. Le conseil d’administration de l’Orchestre de Philadelphie qui vient de débarquer Eschenbach de son poste directorial a pris moins de précaution : outre Atlantique, seuls compte les résultats.
Le concert qui a suivi a semblé garant de l’entente des musiciens et de leur futur patron comme de la qualité de leur travail. C’est ainsi qu’ils ont accompagné avec infiniment de flamme et de délicatesse le vétilleux Concerto de Sibelius à la jeune violoniste géorgienne Lisa Batiashvili. L’acoustique peu réverbérée de la nouvelle salle ne lui a pas facilité les choses, mais elle s’est bien battue et a témoigné de beaucoup de vaillance et de musicalité.
Comme « Guernica » de Picasso, la 7e Symphonie dite « Leningrad » de Chostakovitch est une œuvre de guerre qui dure parce qu’elle n’est pas qu’une pièce de circonstance dans le combat du bien contre le mal. Chef et orchestre ont su pointer cette composante universelle qui est gage du chef-d’œuvre. On a eu la puissance des armes, les silences de la peur et de l’espoir renaissant à travers un feu d’artifice d’une heure et quart tiré avec autant de précision que de sensibilité par un chef dominant son sujet.
Jacques Doucelin
Salle Pleyel, mercredi 30 mai 2007
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Photo : DR
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