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Paganini de Franz Lehár à l’Odéon de Marseille – Coup de foudre à Lucques – Compte-rendu
Paganini n’est pas l’opérette de Franz Lehár la plus jouée, loin s’en faut. Et pourtant … Programmée pour deux représentations à l’Odéon de Marseille, l’œuvre a attiré nombre de passionnés du genre souvent venus découvrir l’ouvrage. De quoi ravir le directeur du lieu et de l’opéra phocéen, Maurice Xiberras, au moment de constater qu’il n’y a pas que Le chanteur de Mexico pour garnir une salle !
Paganini, c’est l’histoire d’un coup de foudre. En 1805, Anna Elisa, la sœur de Napoléon Bonaparte, princesse de Piombino et, depuis peu, de Lucques, république oligarchique érigée en principauté, tombe en amour volage pour Paganini. Elle est âgée de 28 ans et le violoniste prodige de 23 ans. Quant à l’époux de la jeune femme, Félix Baciocchi, à 43 ans, il n’a aucun mal à lutiner à droite et à gauche en administrant, surtout militairement, la principauté.
Samy Camps (Paganini) & Perrine Madoeuf (Elisa) © Christian Dresse
Un siècle et des poussières plus tard, Paul Knepler et Béla Jenbach proposent à Franz Lehár un livret relatant l’aventure amoureuse de la princesse et de l’artiste ; le 30 octobre 1925 Paganini était créé à Vienne, au Théâtre Johann Strauss … Vingt ans après La Veuve joyeuse, Lehár ne s’est pas départi de la veine viennoise mais évolue vers le romantisme, peut-être influencé par son ami Giacomo Puccini.
Son Paganini est élégant et parfaitement servi à Marseille par l’Orchestre de l’Odéon placé sous la direction attentive du chef assistant de l’Opéra phocéen, Frederico Tibone qui offre une lecture aérienne et colorée de la partition à la tête d’un orchestre d’une vingtaine d’instrumentistes qui sonne délicieusement. Délicieux, aussi, les soli de violon d’Alexandra Jouannié qui a la charge de restituer le génie de Paganini par le biais des notes de Lehár.
(au premier plan) : Fabrice Todaro ( Pimpinelli), Perrine Madoeuf ( Elisa) & Cécile Galois (La Comtesse de Laplace) © Christian Dresse
Pour mettre en place cette production, Carole Clin a choisi la sobriété pour les décors réalisés par Loran Martinel et est allée puiser les costumes les plus élégants dans les réserves de l’opéra. Elle signe une mise en scène raffinée avec la participation des solistes et d’un Chœur Phocéen efficace, tant vocalement que scéniquement. Du bon travail qui permet à la distribution de se mettre en valeur. A commencer par Perrine Madoeuf, idéale princesse Elisa au charme indéniable ; jeu parfait et belle voix précise, puissante et large dans la tessiture avec des aigus livrés aisément. Une prestation appréciée à l’issue de la première représentation. A ses côtés, le ténor Samy Camps (photo) incarne sans peine un Paganini de forte personnalité et Julie Morgane (photo) une Bella fort coquine, mais sans excès, dans son rôle de ballerine demi-mondaine qui fricote avec le Prince Felice et qui n’en pince que pour le jeune violoniste.
Place forte de l’opérette en France, le théâtre de l’Odéon, en haut de la Canebière, a le bonheur d’accueillir en permanence des distributions talentueuses qui font vivre le genre. Ainsi pour ce Paganini, Maurice Xiberras avait convié une troupe de haut niveau et d’une belle homogénéité scénique et vocale, composée de Cécile Galois, Jean-Claude Calon (photo), Fabrice Todaro (impayable Pimpinelli), Sabrina Kilouli, Philippe Béranger, Jean-luc Epitalon, Joris Conquet, Dominique Desmons, Antoine Bonelli et Damien Barra. Tous ont contribué au succès de cette production.
Michel Egéa
Lehár : Paganini – Marseille, Théâtre de l’Odéon, 24 février 2024 // odeon.marseille.fr/programmation/operette/paganini
Photo © Christian Dresse
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