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Paris - Compte-rendu : La Renarde égarée dans la Bastille
Nouvelle production… Lyon l’a déjà vu voici presque dix ans, nouvelle donc car les faramineux ateliers de la Bastille on refait tout neufs les beaux décors de Nicki Rieti et parce que André Engel est venu revisiter son ouvrage dont on ne se lasse pas, même si sa quintessence n’est qu’illustrative et laisse de côté les zones d’ombre de La Petite Renarde rusée – il y en a – ou le panthéisme janacekien, pour ne célébrer que le conte pastoral dans sa plus évidente poésie.
Bémol, évidemment, l’œuvre va à la Bastille comme le soleil à la nuit, elle est pensée au plus pour des salles de la jauge de Garnier, au mieux pour celle de l’Opéra comique, d’ailleurs Janacek n’a jamais écrit dans ses opéras pour l’ énorme orchestre qui ronfle dans la fosse et engloutit les chanteurs. Non pas que Dennis Russel Davies dirige mal, non, il met même beaucoup de couleurs et d’accents, au plus peut-on lui reprocher une battue trop dans la mesure, que la musique de Janacek aime bousculer ; simplement le rapport n’y est pas et tout le petit peuple des insectes, mais aussi la Renarde finement vue et idéalement incarnée d’Elena Tsallagova y disparaissent : par moments un spectacle dont aucun son ne provient de la scène. C’est bien la peine d’être à l’opéra. Mais que voulez-vous, Garnier est occupé par Une Fiancée vendue qui aurait pu emplir Bastille, de son et de public, sans problème, et l’Opéra Comique n’appartient plus à la Grande Boutique. Pleurez mes yeux…
Peut-être un brin de sonorisation réglera-t-il ce mortel déséquilibre dont Gérard Mortier doit être bien conscient. Sinon la distribution a ses failles : Jukka Rasilaïnen chante petit et la déambulation de son Garde-chasse au printemps ne produit pas l’émotion espérée, Bracht est un peu trop sage en prêtre, car c’est une des clefs de la Renarde : elle n’est pas une pièce de troupe de théâtre, elle veut partout des individualités saillantes capable de dessiner des personnages en quelques mesures. Ici règne une uniformité que seul brise vraiment l’agile Tsallagova. Mais le spectacle se regarde avec plaisir, même si l’émotion en est évacuée.
Jean-Charles Hoffelé
Leos Janacek, La Petite Renarde rusée, Opéra Bastille, le 13 octobre, puis les 16, 19, 23, 26, 29 octobre et les 4, 7, 9 et 12 novembre 2008
Programme détaillé de l’Opéra Bastille
Photo : B. Uhlig/ Opéra national de Paris
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