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Paris - Compte-rendu : Les Paladins toujours
Retour au Châtelet avant quatre représentations début Novembre à Tokyo et après une tournée ébouriffante : Les Paladins selon Montalvo et Hervieu sont une affaire qui roule. Et les deux années et demie passées depuis la création du spectacle in loco n’ont guère défraîchie cette production toute en hip-hop et en couleurs vives qui tombe avec un naturel sidérant dans les portées ramistes. L’utilisation archi ludique de la vidéo devrait inspirer tout ceux qui ne l’emploie qu’en de mornes chromos à vocation de commentaire. Lorsqu’elle possède le rythme de la musique elle n’est pas un pis aller, loin de là.
Christie manquait un peu de pep au I et II, mais retrouvait toute son énergie au III pour les enchantements de Manto, où François Piolino, bonne fille autant que magicien ambigu émerveillait par la puissance de sa voix et la clarté de sa diction. On aurait aimé l’entendre en Atis, car si Topi Lehtippu garde toute sa fringante jeunesse son ténor s’est rétréci et projette peu. Il aurait fallu sous titrer la Nérine de Sandrine Piau, qui refuse toujours de rendre son chant français compréhensible, même en face de l’Argie de Stéphanie d’Oustrac, fine diseuse à l’instrument de plus en plus prometteur. René Schirrer peine maintenant vraiment aux graves d’Anselme, mais il y demeure irrésistible.
Révélation de cette matinée, l’Orcan de Joao Fernandes, qui succédait à la prestation assez formidable mais aussi relativement caricaturale de Laurent Naouri. Baryton noble, capable d’émouvoir jusque dans le ridicule, avec les graves impressionnants que lui demande Rameau mais aussi un vrai aigu sans passage porté par une diction impeccable. C’était la dernière de cette série, toute la troupe des danseurs se débridait, Marie-Ange Petit dansait en scène avec ses percussions, un parfum de bonheur faisait trembler le Châtelet, le sourire de Jean-Pierre Brossmann irradiait encore son cher théâtre. Les Paladins y reviendront-ils, comme la Platée de Pelly et Minkowski retrouve régulièrement les ors de Garnier ? Ils le mériteraient, même si entre les deux partitions se creuse à chaque représentation l’écart entre une partition charmante et un coup de génie.
Jean-Charles Hoffelé
Les Paladins de Jean-Philippe Rameau, Théâtre du Châtelet le 22 octobre 2006.
Programme détaillé du Châtelet
Photo : Marie-Noëlle Robert/Théâtre du Châtelet
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