Journal

Paris - Compte-rendu - Orphée à la Mouff'


Elitaire, snob et cher l'art lyrique ? Faux ! Ca n'est pas moi qui vous le dit, mais Orphée soi-même auquel l'histoire de la musique attribue la création de l'opéra. Une poignée de jeunes chanteurs se sont regroupés au sein d'une troupe malicieusement baptisée La Compagnie manque pas d'airs. Ils n'ont pas froid aux yeux, en effet, de s'attaquer ainsi à l'Orphée et Eurydice de Gluck qu'ils présentent au Nouveau Théâtre Mouffetard jusqu'au 31 décembre. La salle est pleine d'un public où se mêlent tous les âges.

Preuve du caractère indispensable à une démocratisation culturelle bien pensée de ces théâtres de la décentralisation par arrondissement. Tout en portant au plus grand nombre des oeuvres de qualité, ils permettent aux jeunes professionnels de s'aguerrir au contact du public. C'est ainsi qu'à l'exception d'Orphée, tous les rôles sont tenus alternativement par deux artistes, tout comme le piano qui les accompagne avec autant de soin que de justesse stylistique.

La mise en scène est signée Alexandra Lacroix qui ne se méfie sans doute pas suffisamment de la proximité des spectateurs et de la scène, qui fait effet de loupe : de l'exagération au ridicule la frontière est mince... Péché de jeunesse. Car chacun s'ingénie à faire de son mieux sur le plateau, maniant les éléments du décor transformable. Au piano, déjà discret et monochrome en comparaison de la riche orchestration de Gluck, s'ajoute une bande son grésillante pseudo réaliste qui souligne inutilement les changements d'atmosphère: n'est pas Pierre Henry qui veut ! A contrario, elle tend à prouver que décidément l'art n'est pas imitation de la nature : Gluck vous l'avait bien dit !

Le héros de la soirée, c'est l'Orphée de Jean-Gabriel Saint-Martin: la voix porte bien et beau et il sait se tenir en scène. Son grand air (« J'ai perdu mon Eurydice, rien n'égale mon malheur... ») touche juste. On le reverra. Le reste de la distribution, Eurydice, l'Amour et le quatuor vocal qui madrigalise joliment les choeurs de Gluck mériteraient de travailler avec des chefs de chant spécialistes de ce répertoire. Notre enseignement dit « spécialisé » n'est pas très performant en ce domaine. Mais cela ne suffit heureusement pas à gâcher le plaisir du public.

Jacques Doucelin

Nouveau Théâtre Mouffetard, 27 novembre

Jusqu'au 31 décembre 2008, du mercredi au dimanche, à 21 h, 15 h le dimanche

Tél: 01 43 31 11 99. www.theatremouffetard.com .

> Les vidéos d’opéras

Photo : Chantal Depagne

Partager par emailImprimer

Derniers articles