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Paris - Compte-rendu : Radieuse soirée, Rozhdestvensky dirige l’Orchestre de Paris
Curieux personnage que Guennadi Rozhdestvensky. Il est des chefs qui refusent la baguette, mais dans la cas du maestro russe, c'est l'estrade qui n'est pas à son goût. Comme de coutume le chef se glisse devant celle-ci, tout près de ses musiciens comme pour pouvoir mieux façonner la matière sonore. Battue peu orthodoxe que celle de Rozhdestvenky, certes, mais ô combien suggestive, ici extrêmement précise, là sachant laisser la bride sur le cou à l'orchestre lorsque la chose est permise.
On lit de l'impatience gourmande dans les yeux des instrumentistes de l'Orchestre de Paris… Netteté de l'attaque, plénitude sonore ! "La partie est gagnée", est-on tenté de se dire alors que le chef entame l'Allegro con brio de la Symphonie n°8 de Beethoven. La partie était en effet gagnée et l'on a goûté une interprétation radieuse d'un chef d'œuvre trop rarement donné. Parfait compromis entre l'allant du discours et la respiration, le modelé de la phrase, sens du détail, humour (irrésitible Tempo di minuetto !), en bref une radieuse santé caractérise cette approche et permet à l'Allegro vivace final d'oser toute sa robustesse sans une once de lourdeur.
Dans le Konzertstück de Weber, Rozhdestvensky retrouve une partenaire pour le moins familière : Viktoria Postnikova - Mme Rozhdestvensky à la ville. Le pianisme de l'interprète s'accommode dans l'absolu sans doute mieux de l'écriture de Tchaïkovski, Rachmaninov ou Prokofiev que de la poésie ailée d'un représentant du style brillant, mais la franchise et le naturel avec lesquels elle enlève l'ouvrage déchaîne l'enthousiasme du public - et nous valent une Romance sans paroles de Mendelssohn en bis.
En seconde partie, la version originale de la Symphonie n°4 "Italienne" réserve un très beau moment d'orchestre. Rozhdestvensky ne presse rien, fouille les moindres recoins de la partition avec un merveilleux sens lyrique. Sans doute le tempo se fait-il par trop retenu dans le Menuetto-con moto grazioso. On ne saurait pour autant bouder un moment de bonheur musical au cours duquel l'Orchestre de Paris a fait montre d'une forme radieuse elle aussi !
Alain Cochard
Théâtre Mogador, jeudi 13 janvier
Programme détaillé de l’Orchestre de Paris
Photo: Wladimir Polak
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