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Paris - Compte-rendu : Ritournelles : Les rêveries du quatuor solitaire

Repousser les frontières du concert, les transgresser, déritualiser, c'est ce que propose Ritournelles, que Dietrich Sagert a conçu autour de la musique de Nicolas Bacri. Théâtre, philosophie, musique ? Ritournelles est un peu tout cela, léger comme les papillons lâchés sur scène. Sur le plateau dépouillé du Studio du Théâtre de Chaillot, le quatuor Psophos digresse entre musique de chambre (Nicolas Bacri) et textes (bal(l)ade entre Baudelaire, Beckett, ou encore Deleuze).

« Nous avons de l'herbe dans la tête, et non pas un arbre » : violoncelle (Ingrid Schoenlaub), alto (Cécile Grassi), violons (Bleuenn Le Maître et Ayako Tanaka) prennent ainsi la parole, quittent leur pupitre, posent l’archet pour disserter sur l’essence de la musique, sur l’espace que constitue et définit le plateau, le concert. Ce sont l’Invitation au voyage, Mille Plateaux ou L’Oiseau philosophie (Deleuze) qui apparaissent au gré des textes-collages, allusions, dialogues et maximes mutines, laissant heureusement la meilleure place aux pages de Bacri (Quatuors n°3 op 18, n°4 op 42, et Ritournelles Conceptions).

Car c’est avant tout la musique, superbement investie par les Psophos, qui nourrit le spectacle et lui fournit son véritable oxygène. « Voyage en intensité », Ritournelles est d’abord un voyage organisé, guidé, suggéré. Une de ces évasions qu’il faut accomplir avec le seul secours de la musique. No hay caminos, hay que caminar.

Nicolas Baron

Théâtre National de Chaillot, le 23 mars. Du 23 mars au 17 avril à 20h30 (le dimanche à 15 h) au Studio du Théâtre National de Chaillot. Tél. : 01 53 65 30 00.

Photo: Thomas Maquaire
 

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