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« Paris romantique » par l’Orchestre Lamoureux – Le souffle de la rareté – Compte-rendu
« Paris romantique » par l’Orchestre Lamoureux – Le souffle de la rareté – Compte-rendu
Retour à son point de départ pour le Concerto d’Henriette Renié que l’Orchestre Lamoureux a placé en ouverture du programme « Paris romantique » inscrit dans le cours du 9e Festival Bru Zane Paris. L’ouvrage fut en effet créé par cette formation le 24 mars 1901 avec la compositrice en soliste. Hormis des instrumentistes et des férus de la harpe, le nom d’Henriette Renié (1875-1956) est oublié aujourd’hui. Elle fut pourtant célèbre au début du dernier siècle, comme virtuose et pédagogue, mais aussi comme compositrice ; le succès de son Concerto pour harpe, œuvre de jeunesse, incita d’ailleurs d’autres auteurs à s’intéresser à la harpe (Dubois, Pierné, Saint-Saëns).
© Gil Lefauconnier
Emmanuel Ceysson (photo), que nous avions applaudi dans cet ouvrage en 2013 à Avignon, accompagné par l’orchestre de la cité provençale et Samuel Jean (1), et qui l’a – fort bien – enregistré avec ces mêmes partenaires l’année suivante (Naïve), est au côté d’Adrien Perruchon, directeur musical de Lamoureux. Parfaite entente pour une interprétation au cours de laquelle le harpiste français frappe une fois de plus par l’exceptionnelle projection de sa sonorité et la variété des couleurs qu’il tire de l’instrument. L’élan et la dimension narrative de son jeu impriment à la partition des allures de conte concertant en quatre parties. L’accompagnement d’Adrien Perruchon, vivant et toujours soigneusement dosé, rend cette dimension plus prégnante encore.
Hommage à Franck en l’année du bicentenaire, Psyché et Eros (extrait de Psyché, grand poème symphonique pour orchestre et chœurs de 1887, dédié à Vincent d’Indy), montre tout autant les progrès effectués par la phalange depuis l’arrivée de son directeur musical, la dynamique collective qu'il a su installer. On ne résiste pas à la sensuelle plénitude avec laquelle s’illustre la fusionnelle rencontre d’Eros et de Psyché. Musique admirable, comme le restant d’une œuvre que l’on aimerait entendre plus souvent au concert ...
Bien connue, elle, la Suite de Pelléas et Mélisande de Fauré s’offre sous une perspective nouvelle : Adrien Perruchon a eu la bonne idée d’y insérer la Chanson de Mélisande, qui appartient à la musique de scène écrite par Fauré en 1898 pour des représentations londoniennes de la pièce de Maeterlinck. En anglais (« The King’s three blind daughters »), la pièce est interprétée par la soprano MyungJoo Lee, accompagnée par la harpe d’Emmanuel Ceysson. De la loge à l’extrémité jardin du premier balcon où ils sont installés, les deux exécutants glissent cette merveilleuse bulle de poésie entre la Fileuse et la fameuse Sicilienne, aussi finement distillées que le Prélude et la Mort de l'héroïne.
Emmanuel Ceysson (photo), que nous avions applaudi dans cet ouvrage en 2013 à Avignon, accompagné par l’orchestre de la cité provençale et Samuel Jean (1), et qui l’a – fort bien – enregistré avec ces mêmes partenaires l’année suivante (Naïve), est au côté d’Adrien Perruchon, directeur musical de Lamoureux. Parfaite entente pour une interprétation au cours de laquelle le harpiste français frappe une fois de plus par l’exceptionnelle projection de sa sonorité et la variété des couleurs qu’il tire de l’instrument. L’élan et la dimension narrative de son jeu impriment à la partition des allures de conte concertant en quatre parties. L’accompagnement d’Adrien Perruchon, vivant et toujours soigneusement dosé, rend cette dimension plus prégnante encore.
Hommage à Franck en l’année du bicentenaire, Psyché et Eros (extrait de Psyché, grand poème symphonique pour orchestre et chœurs de 1887, dédié à Vincent d’Indy), montre tout autant les progrès effectués par la phalange depuis l’arrivée de son directeur musical, la dynamique collective qu'il a su installer. On ne résiste pas à la sensuelle plénitude avec laquelle s’illustre la fusionnelle rencontre d’Eros et de Psyché. Musique admirable, comme le restant d’une œuvre que l’on aimerait entendre plus souvent au concert ...
Bien connue, elle, la Suite de Pelléas et Mélisande de Fauré s’offre sous une perspective nouvelle : Adrien Perruchon a eu la bonne idée d’y insérer la Chanson de Mélisande, qui appartient à la musique de scène écrite par Fauré en 1898 pour des représentations londoniennes de la pièce de Maeterlinck. En anglais (« The King’s three blind daughters »), la pièce est interprétée par la soprano MyungJoo Lee, accompagnée par la harpe d’Emmanuel Ceysson. De la loge à l’extrémité jardin du premier balcon où ils sont installés, les deux exécutants glissent cette merveilleuse bulle de poésie entre la Fileuse et la fameuse Sicilienne, aussi finement distillées que le Prélude et la Mort de l'héroïne.
© Gil Lefauconnier
Qui dit programme Bru Zane dit rareté : c’est par une partition oubliée, Adonis de Théodore Dubois (1837-1924), que se clôt le concert. De 1901, l’ouvrage (dédié à Edouard Colonne) consiste en un vaste poème symphonique en trois volets, richement orchestré. Adrien Perruchon et ses troupes s’y engagent pleinement, qu’il s’agisse des contrastes accusés de la tragique Mort d’Adonis, de la Déploration des nymphes, que le chef délivre enveloppée d’une séduisante brume poétique, ou du lumineux Réveil d’Adonis dont le puissant souffle panthéiste est porté par une écriture d’évidence influencée par le monde sonore de l’orgue (l’instrument de T. Dubois).
Un modèle de concert-découverte, chaleureusement reçu par l’auditoire, qui s’était ouvert par une intervention des élèves du collège Paul Langevin d’Evron (Mayenne), seuls (menés par Olivier Grellety Bosviel, dans des pages de Goudimel, Monteverdi et Mendelssohn) ou mêlés à des instrumentistes de Lamoureux (dirigés par A. Perruchon dans un Andantino de Franck). On trouve là une illustration de l’engagement de l’Orchestre Lamoureux et de son patron auprès de l’association « Orchestre à l’école » (2), belle initiative qui concerne 40000 jeunes environ en France, dans le primaire et au collège, et vise à développer la pratique musicale collective pendant le temps scolaire.
Une illustration du travail de jeunes musiciens travaillant dans ce cadre s'offrira bientôt à l’Opéra de Massy avec De l’autre côté du mur, comédie musicale de Jeanne et Etienne Perruchon.(3) Sa création mondiale, les 1er et 2 juillet, réunira des membres du Philharmonique de Radio France, l’Orchestre à l’école de Moissy-Cramayel, le chœur d’Avant-Scène du CREA d’Aulnay-sous-Bois et le chœur du collège d’Evry.
Alain Cochard
Qui dit programme Bru Zane dit rareté : c’est par une partition oubliée, Adonis de Théodore Dubois (1837-1924), que se clôt le concert. De 1901, l’ouvrage (dédié à Edouard Colonne) consiste en un vaste poème symphonique en trois volets, richement orchestré. Adrien Perruchon et ses troupes s’y engagent pleinement, qu’il s’agisse des contrastes accusés de la tragique Mort d’Adonis, de la Déploration des nymphes, que le chef délivre enveloppée d’une séduisante brume poétique, ou du lumineux Réveil d’Adonis dont le puissant souffle panthéiste est porté par une écriture d’évidence influencée par le monde sonore de l’orgue (l’instrument de T. Dubois).
Un modèle de concert-découverte, chaleureusement reçu par l’auditoire, qui s’était ouvert par une intervention des élèves du collège Paul Langevin d’Evron (Mayenne), seuls (menés par Olivier Grellety Bosviel, dans des pages de Goudimel, Monteverdi et Mendelssohn) ou mêlés à des instrumentistes de Lamoureux (dirigés par A. Perruchon dans un Andantino de Franck). On trouve là une illustration de l’engagement de l’Orchestre Lamoureux et de son patron auprès de l’association « Orchestre à l’école » (2), belle initiative qui concerne 40000 jeunes environ en France, dans le primaire et au collège, et vise à développer la pratique musicale collective pendant le temps scolaire.
Une illustration du travail de jeunes musiciens travaillant dans ce cadre s'offrira bientôt à l’Opéra de Massy avec De l’autre côté du mur, comédie musicale de Jeanne et Etienne Perruchon.(3) Sa création mondiale, les 1er et 2 juillet, réunira des membres du Philharmonique de Radio France, l’Orchestre à l’école de Moissy-Cramayel, le chœur d’Avant-Scène du CREA d’Aulnay-sous-Bois et le chœur du collège d’Evry.
Alain Cochard
(1) www.concertclassic.com/article/lorchestre-davignon-samuel-jean-et-emmanuel-ceysson-une-renaissance-compte-rendu
(2) www.orchestre-ecole.com/
(3) www.orchestre-ecole.com/2022/05/24/de-lautre-cote-du-mur-2/
Paris, salle Gaveau, 19 juin 2022
Photo © Gil Lefauconnier
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