Depuis trois ans, Henri Demarquette (photo) signe la programmation du Festival de Glanum qui se tient au cœur du site antique à deux pas de Saint-Rémy de Provence du 19 au 23 juillet. Un rendez-vous que le violoncelliste veut le plus ouvert possible.
 
Le Festival de Glanum en est à sa huitième édition cette année, quelle est son histoire ?
 
Il est né il y a neuf ans de la volonté de Dominique Oger, mécène passionné des arts et de musique en particulier, qui est tombé en amour pour le site romain de Glanum à Saint-Rémy de Provence. J’ai eu le bonheur de m’y produire à de nombreuses reprises ; nous avons lié une amitié solide. En 2020, peut avant sa disparition, Dominique m’a demandé d’assurer la direction artistique de la manifestation. Autant dire qu’assumer cette charge est très fort pour moi dans le souvenir et, dans le même temps, enthousiasmant lorsqu’on connaît le potentiel offert par lieu et la passion qui anime l’équipe de mélomanes bénévoles sans lesquels le festival ne pourrait avoir lieu. Cette année j’en suis à ma troisième programmation et la belle aventure se poursuit …
 

Le site romain de Glanum © DR 
 
Donner des concerts au cœur d’un site archéologique réputé, l’un des plus visités en France, doit présenter quelques contraintes non négligeables ?
 
Effectivement il y a des contraintes liées à l’originalité de l’endroit, d’autant plus qu’il ne comporte pas de théâtre. Il faut donc créer un espace avec des gradins et une scène adaptée. Mais le défi principal est d’offrir le meilleur son possible sachant que la sonorisation est obligatoire. Et cette année nous avons investi dans ce domaine en disposant désormais de techniques de pointe ; c’est un grand progrès. Nous travaillons en étroite collaboration avec l’administration des Monuments Historiques qui veille sur le lieu et qui le voit vivre ces heures musicales d’un bon œil. Nous pouvons aussi compter sur le soutien de la ville de Saint-Rémy, soutien financier mais aussi technique et de mise à disposition du site.
 

Julien Chauvin © Raoul Gilibert
 
Quels sont vos axes de travail au moment de mettre une programmation sur le papier ?
 
La volonté d’être fédérateur est ma principale préoccupation ; c’est à dire réunir un maximum de personnes qui se reconnaissent dans la programmation du festival. Cette volonté, qui est avant tout celle d’un artiste, me guide depuis longtemps. En ce sens je pense que l’édition 2023 est représentative. La musique de Vivaldi, vivifiée par Julien Chauvin et le Concert de la Loge, accompagnera le hip-hop des danseurs du ballet de Mourad Merzouki.
Puis il y aura un hommage à Georges Gershwin qui a su fusionner les genres pour unir tout le monde, sans discrimination, autour de la musique. En fait, ce qui m’intéresse, c’est de retirer les étiquettes et d’inviter le public le plus large possible à écouter de la musique et y prendre du plaisir. Nous avons aussi invité la soprano Pretty Yende qui a su briser les barrières, lutter contre les a priori pour arriver à vivre un parcours artistique qui est le sien.
Cette année, nous avons aussi décidé d’entrer dans la ville avec un concert à l’Hôtel de Sade et un autre gratuit pour boucler le festival ; histoire d’affirmer que c’est avant tout le festival des Saint-Rémois et d’expliquer au public que la musique n’est pas un monde à part réservé aux initiés… Enfin, ce qui guide aussi mon travail ici c’est d’essayer de représenter un chemin alternatif aux programmations des géants remarquables qui nous entourent en Provence l’été venu. Je suis persuadé qu’il y a de la place pour tout le monde …
 
Propos recueillis par Michel Egéa le 8 juin 2023 Festival de Glanum du 19 au 23 juillet 2023
festivaldeglanum.com

Photo © Jean-Marc Volta