Alors que Bastille affiche Le Crépuscule des Dieux, c’est à l’engloutissement d’un autre astre que nous convie Varduhi Yeritsyan (1) dans le cadre plus intime de l’Amphithéâtre : celui de la musique romantique. En composant de 1893 à 1913 ses dix sonates pour piano, Scriabine poussait la tonalité à ses limites, remplaçait la mélodie par le motif voir le signal musical, complexifiait les rythmes à l’extrême. L’exacerbation d’un chromatisme qui doit justement beaucoup à Wagner, la notation envahissante de termes sensualistes, un mysticisme teinté de symbolisme le rangent évidemment aux côtés des poètes symbolistes et plus généralement d’une mouvance littéraire russe qui d’Alexander Blok à Boris Pasternak - par ailleurs un remarquable pianiste - fit son miel de l’œuvre de Scriabine. En deux soirées, la pianiste franco-arménienne donnera donc l’intégrale des sonates, entreprise redoutable et rarissime au concert, doublée par la mise en regard de celles-ci avec des textes signés entre autres Akhmatova, Zamiatine, Tsvetaeva, Mandelstan, dits le premier soir par Pascal Greggory et le second par Olivier Py, tous deux épris de musique et tout particulièrement de celle de Scriabine. Ce double rendez-vous russe aurait charmé le mentor de Yeritsyan, Brigitte Engerer. Nul doute qu’en pensée elle sera à ses côtés.

Jean-Charles Hoffelé

(1)Varduhi Yeritsyan a fait paraître l’année dernière son premier disque consacré à des œuvres de Prokofiev : Sonates 2 et 3, Sarcasmes, Visions fugitives, Suggestion diabolique (1 CD Maestria EMV12)
Scriabine : intégrale des SonatesVarduhi Yeritsyan (piano), avec Pascal Greggory et Olivier Py

4 juin 2013 – 20h (Sonates nos 1, 3, 5, 7 & 9)
5 juin 2013 – 20h (Sonates nos 2, 4, 6, 8 & 10)
Paris-Opéra Bastille – Amphithéâtre.
www.operadeparis.fr

Site de Varduhi Yeritsyan : www.varduhi-yeritsyan.fr

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Photo : DR