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Versailles - Compte-rendu : Une Europe occitanisée. L’Europa galante de Campra à l’Opéra royal
Petite édition pour l’Académie d’Ambronay qui investissait le Théâtre Gabriel dans le cadre du cycle des Tragédies Lyriques et autre opéras-ballets présenté par le Centre de Musique Baroque de Versailles. Une seule voix, celle du Suliman de l’entrée Turque, Sydney Fierro, et des danseurs et danseuses dont l’élévation du niveau technique surprend toujours lorsqu’on la compare à celle de leurs collègues chanteurs, avec une mention spéciale pour Bruno Benne, dont les talents d’acteurs et le penchant pour le mimodrame s’employaient avec efficacité dans l’entrée italienne.
C’est ici et dans l’entrée espagnole que Campra a mis ses plus belles musiques, sérénades et airs élégiaques voilés d’une tristesse qui illustre bien l’intrigue étonnante dont a accouché Houdar de la Motte, cette histoire d’amour entre une chanteuse et un danseur qui déclenche l’ire d’un amant éconduit. On est à deux doigts de Paillasse. Les deux autres entrées sont en dessous, jolies bergerettes françaises, cérémonies turques convenues.
William Christie conduit avec efficacité, laissant l’inspiration, ce péché absolu, de coté. Pourtant la musique de Campra en aurait bien besoin, toute empêtrée qu’elle s’est trouvée dans une prononciation restituée arbitraire, frôlant le grotesque et rendant les dictions sibyllines. Que les pastorales languedociennes comme Daphnis et Alcimadure de Mondonville se prêtent à cet exercice, pourquoi pas, mais dans L’Europe Galante, tout provençal que fut de naissance Campra, ces collections de tics phonétiques n’avaient rien à faire, et nuisaient même à un spectacle modeste, mais bien vu.
Jean-Charles Hoffelé
André Campra, L’Europe Galante, Opéra Royal de Versailles, le 11 octobre 2005
Les DVD enregistrés à l’Opéra Royal de Versailles
Photo : Michel Szabo
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