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« Volez Zéphyrs ! » au château de Thomery – Le bel essor – Compte-rendu
Ce jeudi 11 novembre, le château de Thomery, jadis demeure de la peintre Rosa Bonheur, accueillait la dernière étape d’une brève tournée organisée par le Centre de musique baroque de Versailles. Sous le nom de « Volez Zéphyrs ! », l’objectif était de relancer la carrière de jeunes artistes dont l’envol avait été arrêté net par les confinements successifs. Une quinzaine d’entre eux, instrumentistes et chanteurs, ont été confiés aux mains expertes de trois partenaires habituels du CMBV, pour former trois petits ensembles préparant chacun un programme d’une trentaine de minutes. Le résultat est des plus concluants, et l’on espère qu’ainsi portés, ces interprètes prendront le bel essor auquel ils semblent promis.
© Alexis Kossenko © DR
C’est d’abord Alexis Kossenko qui présente son ensemble : deux flûtistes (dont lui-même), les trois instrumentistes formant la basse continue et deux chanteuses, dans un programme faisant alterner des pièces vocales de Marc-Antoine Charpentier, airs sérieux ou badins, et des pages instrumentales de Marin Marais. Si Anara Khassenova s’impose par le tranchant de sa voix assurée, Elise Guignard éblouit par la sensibilité frémissante dont elle pare chacune de ses interventions, qui n’est pas loin d’évoquer le chant d’une Agnès Mellon dans les premières années des Arts Florissants.
La gambiste Margaux Blanchard (photo) dirige son ensemble du sein même de la basse continue, deux violonistes formant les deux autres voix des pièces en trio de la Deuxième Récréation de musique de Jean-Marie Leclair. L’œuvre est donnée en version quasi intégrale, seul le « Badinage » en étant omis. C’est Magdalena Sypniewski qui tient brillamment la partie de dessus de cette musique de chambre virtuose.
Camille Delaforge © DR
Terminant le concert, la claveciniste Camille Delaforge nous fait presque sortir du cadre de la musique de salon pour accéder à un univers qui se rapproche beaucoup de celui de la tragédie lyrique. La cantate Le Tombeau de Clorinde (1723), de Louis-Antoine Dornel est précédée par une majestueuse ouverture dû à son contemporain Jean-Baptiste Morin, guère plus connu du grand public, alors que ces deux œuvres témoignent d’une grande richesse dans l’exploration des affects, fort bien traduite par la basse Olivier Gourdy. Avec La Morte di Lucretia, Montéclair donne à sa musique des accents aussi italiens que le texte de sa cantate ; on s’étonne d’entendre Anna Reinhold parmi ces tout jeunes artistes, car la mezzo a déjà eu maintes occasions de se faire applaudir, et pas seulement dans le répertoire baroque (elle tenait le rôle-titre de L’Italienne à Alger dirigée par Jean-Claude Malgoire en 2015). Les deux chanteurs sont finalement réunis dans une envoûtante mélodie de Boesset, dont la magie mène la soirée à une bien belle conclusion.
Laurent Bury
Thomery, Château Rosa Bonheur, 11 novembre 2021 // cmbv.fr/fr/evenements/volez-zephyrs
Photo © DR
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