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Xavier Phillips, Paavo Järvi et l’Orchestre de Paris - Splendeurs instrumentales - Compte-rendu

Après un concert de rentrée Salle Pleyel a marquer d’une pierre blanche, l’Orchestre de Paris se surpasse une nouvelle fois dans un programme alternant musique française (Métaboles de Dutilleux, Concerto pour violoncelle de Lalo) et russe (Cinquième Symphonie de Tchaïkovski).
 
Métaboles, créé à Cleveland en 1965, est entré dans le répertoire de l’Orchestre depuis sa fondation en 1968. L’exigence de cette série de métamorphoses nécessite des instrumentistes virtuoses, concertistes à part entière bien mis en valeur par la baguette précise, claire d’un chef qui sait extraire des sonorités d’une pureté minérale. Järvi signe une interprétation où l’alchimie des timbres se conjugue à un traitement au scalpel ; ce que n’aurait pas désavoué George Szell, le commanditaire de l’œuvre.
 
D’une concentration extrême, le Concerto en ré mineur d’Edouard Lalo sollicite sans cesse le soliste et, par son engagement, Xavier Phillips (photo) parvient à retrouver les accents expressifs de son maître Rostropovitch. Sa virtuosité incandescente se double d’un sens d’un cantabile soutenu par un archet plein et charnu. Du grand art !
Accompagnement au cordeau de Järvi dans une partition qui ne tolère aucune vulgarité. En bis, la Seranata de la Suite n°1 op. 72 pour violoncelle seul de Britten séduit par ses subtils pizzicati guitaristiques.

Pour conclure, la Cinquième Symphonie de Tchaïkovski, littéralement propulsée par un orchestre tendu comme un arc, refuse toute concession au pathos du fatum. L’exécution rigoureusement dessinée (magnifique prestation du corniste Benoit de Barsony dans l’introduction de l’Andante cantabile) se révèle peu chorégraphique dans la Valse, mais est soulevée par un souffle qui ne nous lâche jamais. Une telle démonstration symphonique fait plaisir à entendre.
 
Michel Le Naour
 
Paris, Salle Pleyel, 17 septembre 2014

Photo © DR

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