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« Aux Armes Contemporains ! » à la Scala-Paris – Des percussions (avec smartphones !) au rituel polyglotte – Compte-rendu
Le week-end « Aux Armes Contemporains ! » – une fête la musique d’aujourd’hui dans une ambiance décalée et joyeuse –, vient d’inaugurer la première saison musicale de la salle toute bleue flambant neuve du boulevard de Strasbourg.
Il fallait choisir : nous avons assisté à deux concerts, l’un du Paris Percussion Group (photo), dirigé par Julien Leroy, le second du Balcon, sous la conduite Alphonse Cemin, dans le double rôle de pianiste et chef. Soirée contrastée, entre douze percussions virtuoses et efficaces qui ont éveillé notre curiosité, et sept voix de femmes a cappella dans Chants du Canadien Claude Vivier, partition hypnotique et magnifiquement défendue.
Après une belle mise en bouche signée Frank Zappa (Black Page), le Paris Percussion Group (où figurent plusieurs membres de grands orchestres)(1) se lance dans Archaos Infinita I, II, III, création mondiale de Philippe Schoeller ; le public ayant au préalable été invité à télécharger une application sur son smartphone afin de « participer » à la création.
Julien Leroy passe de la direction de l’orchestre de percussions à celle des smartphones et de leurs propriétaires en indiquant des nombres avec ses mains ; les téléphones se mettent à murmurer… Un timide nuage de sons synthétiques se mêle à l’écriture pour le moins complexe et acrobatique des percussions. On avoue être restée plutôt hermétique et perplexe devant une œuvre qui ne nous a ni touchée, ni même vraiment amusée.
L’impression est toute différente avec Escape 12 de Drew Worden, pièce courte et cinglante pour ... douze triangles (!), remarquable d’humour et de subtilité. Reste que c’est le Festin de Yan Maresz – une commande du Festival d’Aix-en-Provence, 1999 – qui convainc le plus ; symphonie orgiaque de textures sonores, plus raffinées les unes que les autres .
Avec du retard sur l’horaire prévu – il se fait tard, les rangs se sont clairsemés – Le Balcon s’attaque à Apparition, mélodies et vocalises élégiaques de Georges Crumb, composition de 1979 dans laquelle deux chanteuses alternent, accompagnées par le piano amplifié d’Alphonse Cemin : ambiance nocturne, pleine de mystère et de silence (mis à part le léger et involontaire ronronnement d’une soufflerie en fond de salle).
Les musiciens sont prêts et le public particulièrement concentré pour faire l’expérience de Chants, que Vivier écrivit en 1973. Des mélodies se déploient sur des textes en latin, français, allemand et en langue inventée pour évoquer un spectaculaire rituel de la mort, et une renaissance ... Polychorale et polyglotte, l'œuvre se situe dans le sillage des grandes partitions vocales de Stockhausen. Il se passe décidément toujours quelque chose avec Le Balcon !
Gaëlle Le Dantec
Paris, La Scala-Paris, 21 septembre 2018 / www.lascala-paris.com
Photo © paris-percussion-group.com
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