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La Colombe de Gounod à l’Espace Ararat - Bel envol ! - Compte-rendu
Opéra-comique créé en 1860 à Baden-Baden puis repris et étoffé en deux actes en 1866 à la Salle Favart, La Colombe de Gounod se pose à l’Espace Ararat (après deux précédentes autres productions, en 2009 par les soins de la Péniche-Opéra (1) et en 2014 par l’Opéra Studio de l’Opéra du Rhin et à l’Athénée). Intéressante initiative à plus d’un titre, sous l’égide de l’entreprenante association « Parole et Musique » (2). L’œuvre est présentée en version de concert, agrémentée d’un paravent, d’une table, d’un tabouret et de mouvements allègres, dans une restitution à tous égards séduisante. Ce petit opéra-comique, avec ses brefs dialogues parlés et son comique non ampoulé, aligne airs et ensembles charmants dans une veine légère qui réussit si bien à Gounod, pour conter les retrouvailles d’un amoureux transi et de sa promise, tous deux également épris d’une gentille colombe. Le volatile finira par retrouver sa cage, après avoir échappé de justesse à la rôtisserie.
de g à dr. : Françoise Tillard, Soizic Chevrant, Clara Penalva & Laura Muller © Parole et Musique
Une bluette donc (sur un livret de Barbier et Carré d’après La Fontaine), qui sert d’excuse à la plus chatoyante des musiques et ravit le public de ce petit auditorium bondé d’une centaine de places. Quatre chanteurs devant une instrumentation réduite à un piano et un violoncelle, une conviction de tous, et le tour est joué ! Françoise Tillard, pianiste et chef de chant reconnue, ici également responsable du judicieux choix des interprètes, et Soizic Chevrant, violoncelliste, défendent vaillamment leur parties. La soprano Clara Penalva (Sylvie, la promise) et la mezzo Laura Muller (Mazet, valet de chambre travesti) expriment leurs personnages d’un chant bien porté, assorti d’un brin d’élégantes coloratoures pour la première (logique ! à propos de chant d’oiseau). Franck Leguérinel, pourtant annoncé souffrant, n’en démérite pas moins de sa belle réputation, pour un Majordome bien lancé de son timbre aguerri de baryton. Alors que Charles Mesrine éclate littéralement, Horace (l’amoureux de l’histoire) d’un superbe legato. Un ténor à suivre… La proximité acoustique du petit lieu (qui aurait aussi pu être intraitable) contribue au succès d’ensemble, pour captiver durant une rapide heure et demie. Il est seulement dommage que ce bel envol ne s’épanouisse pas au-delà de cette seule exécution, sans reprise prévue, du moins pour l’instant.
Pierre-René Serna
(1) Voir le compte-rendu :
www.concertclassic.com/article/paris-compte-rendu-une-colombe-aux-petits-oignons
Gounod : La Colombe (version de concert) – Espace Ararat, Paris, 2 février 2020
Photo ( de g à dr. : Charles Mesrine, Laura Muller, Clara Penalva & Frank Leguerinel)
© Parole et Musique
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