Dès la fin du confinement, Royaumont nous avait annoncé la réouverture des jardins et de l’hôtellerie de l’Abbaye et la reprise de ses résidences d’artistes pour le début de l’été, et annoncé le maintien de son Festival de rentrée. Dans un cas comme dans l’autre, la promesse aura été tenue. S’agissant du Festival (du 6 septembre du 31 octobre), la programmation, quoique nettement allégée par rapport aux éditions précédentes, demeure fidèle à ce qui fait l’identité de la manifestation valdoisienne, en mémoire et modernité, patrimoine et création.
 
Les 30 ans de Voix Nouvelles

C’est sur cette dernière que s’ouvre le Festival 2020 avec un dimanche réservé à l’Académie Voix Nouvelles de Royaumont dont on célèbre les 30 ans – elle fut rappelons-le lancée en 1990 à l’initiative de Brian Ferneyhough, Franco Donatoni et Klaus Huber. Cet anniversaire réunira, outre l’Ensemble Voix Nouvelles, l’Ensemble Musikfabrik, la gambiste Eva Reiter et l’artiste nô Ryoko Aoki au cours de deux concerts (14h30 et 17h). Ils permettront de découvrir les réalisations des jeunes compositeurs et compositrices de l’année (Sofia Avramidou, Anna-Louise Walton, Claudia Jane Scroccaro, Kirsten Milenko, Elisabeth Angot, Alberto Carretero, Michele Foresi, Louis Goldford, Manuel Hidalgo Navas, Adrian Laugsch, Sérgio Rodrigo, Didier Rotella), mais aussi une pièce de Samuel Taylor, lauréat de l’Académie 2019 et une création pour violon signée Francesco Filidei.

Les Métaboles entre le baroque et Brahms
La amateurs de musique et de danse contemporaine trouverons d’autres motifs de satisfaction cette année, que ce soit avec le séduisant récital de fin de résidence de la pianiste sino-canadienne Claudia Chan, les improvisations du flûtiste Jocelyn Miennel – nouveau venu parmi les artistes résidents de Royaumont – sur des peintures de Fabienne Verdier ou, au chapitre danse, « Oural » de Caroline Grosjean, Fan Dance par la Compagnie Les Tournesols ou encore Inori de Stockhausen, partition qu’Emmanuelle Grach et Jamil Attar accompagneront d’un chorégraphie aussi sobre que ritualisée (27/09).
Parmi les ensembles en résidence à Royaumont, Les Métaboles feront place à une création de la Lituanienne Juta Pranulyte (née en 1993) dans le cadre d’un programme sur le thème de la polychoralité à l’époque baroque (d’où se détache une messe à quatre chœurs d’Orazio Benevolo). Mais Léo Warynski (photo) abordera aussi les terres romantiques – un programme autour des Liebeslieder Walzer de Brahms – avec Edoardo Torbianelli et Yoan Héreau. Un répertoire qui ne lui réussit pas moins.
 

Jean-Luc Ho © Neo Tony Lee

Le Chant de la terre dans la version de R. de Leeuw
Côté vocal on se laissera volontiers séduire aussi par le Chant de la terre (version pour 15 instruments de Reinbert de Leeuw) par le Het Collectief (dir. Gregor Mayrhofer) avec les voix de Lucile Richardot et Yves Saelens (un enregistrement est annoncé en parallèle chez Alpha), par la balade musicale autour de Philippe de Vitry des lauréats de la Fondation Royaumont (Maud Haering, Marjeta Iva Cerar, Orelle Pralus, Camille Fritsch, Benjamin Ingrao, Mauricio Montufar) ou, toujours à l’époque médiévale, le programme Guillaume de Machaut de l’ensemble Le Miroir de Musique de Baptiste Robin et celui sur le thème des astres et de la nuit du Solazzo Ensemble.
Outre le programme précité des Métaboles, le baroque occupe une belle place aussi avec un artiste et un ensemble résidents : l’intégrale en deux volets des partitas de Bach sous les doigts de Jean-Luc Ho et un concert Purcell du Consort (avec le contre-ténor Paul-Antoine Bénos).

Enfin, dans un genre tout différent, on n’oubliera pas l’hommage que les Lunaisiens d’Arnaud Marzorati rendent à Boris Vian à l’occasion de son centenaire avec « Le Code de la Route », savoureux programme que l’on peut aussi déguster par le biais un enregistrement sorti il y a peu chez Muso.
 
Alain Cochard

Festival de Royaumont
Du 6 septembre au 31 octobre 2020
Abbaye de Royaumont
Prog. et calendrier : www.royaumont.com/fr/actualite/festival-2020-le-programme

Photo © Manuel Braun