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Une interview de Nicolas Simon, chef d’orchestre – « La dramaturgie de la Dame blanche est d’une incroyable efficacité »
Nommé chef principal de l’Orchestre de Caen il y a peu, Nicolas Simon (photo) fait aussi l’actualité dans le domaine lyrique et dirige bientôt les musiciens des Siècles dans la Dame blanche de Boieldieu. Une production attendue, mise en scène par Louise Vignaud, où l’on retrouvera l’un des ténors les plus prometteurs de la jeune génération : Sahy Ratia. Produit par la Co[opéra]tive, le spectacle sera créé au Théâtre Impérial de Compiègne les 6 et 7 novembre, point de départ d’une tournée d’une douzaine de dates étalées jusqu’au début du mois de février. Le chef n’en oublie pas par pour autant sa Symphonie de Poche, ensemble fondé en 2008, ni Philharmonicœur, projet musical et humaniste lancé l’an dernier.
Qu’est-ce qui vous séduit le plus dans la partition de Boeildieu ?
Nicolas SIMON : Avec la Dame blanche, l’opéra français effectue une première incursion dans la voie du romantisme et cela se retrouve très fortement dans la partition, avec des apparitions de harpe, de grands contrastes d’orchestre, des passages d’esprit très nocturne. En travaillant sur la Dame Blanche durant les mois passés j’ai aussi pris la mesure de l’efficacité de sa dramaturgie ; l’enchaînement des numéros, cette prodigieuse scène d’enchères à la fin de l’acte II ... La mécanique qui se met en place est incroyable !
La production de la Co[opéra]tive présente la Dame blanche dans une réduction pour 19 instruments de Robin Melchior. Comment s’y est-il pris pour conserver la couleur particulière de l’ouvrage ?
N. S. : Je ne parlerai pas de réduction. Il y a moins d’instruments en effet, mais les parties de cordes sont intégralement conservées, la partie de harpe aussi. Tout s’est joué du côté des vents, surtout les bois, qui sont normalement par deux. On n’a pas procédé à une réécriture ou à des déformations. La couleur des instruments d’époque est respectée ; les cors naturels ont été gardés, etc. Nous n’aurons pas de trompettes, mais le trombone reprendra des notes écrites pour celles-ci – et ça fonctionne très bien ! Nous n’avons pas touché à la musique de Boieldieu, nous en avons juste réorganisé l’instrumentation.
Quelles sont les particularités de la mise en scène ?
N.S. : Louise Vignaud a choisi de transposer l’ouvrage dans l’univers d’une fable où tous les personnages sont des animaux. Les choses sont juste suggérées, mais chaque rôle, chaque psychologie s’exprime au travers d’un animal. On reste dans le contexte de l’Ecosse où se situe la Dame blanche, mais en passant sur un mode animalier.
Sahy Ratia © Quentin Chevrier - Adami
Tout cela servi par une distribution de jeunes chanteurs, avec à sa tête le merveilleux Sahy Ratia en Georges. L’interprète idoine pour cet emploi ...
N. S. : D’emblée lors des auditions nous avons compris que c’est lui qu’il nous fallait. Peu de gens son capables de tenir ce rôle très exigeant ; il y fait preuve d’un fabuleuse aisance !
Outre votre participation à la Dame blanche, le début de saison est également marqué par votre prise de fonctions en tant que chef principal l’Orchestre de Caen. Quels sont vos projets avec cette formation ?
N.S. : La diversité du répertoire, jusqu’à la création contemporaine, est l’une des caractéristiques de cette formation et je tiens à rester fidèle à cette ouverture. Enormément d’actions pédagogiques sont mises en place par l’orchestre dont l’une des spécificités est de travailler en lien étroit avec le conservatoire de Caen. J’ai eu l’occasion de discuter avec son directeur, Aurélien Daumas-Richardson ; nous avons évoqué pas mal de projets, mais tout est, comme vous pouvez l’imaginer, conditionné par l’évolution de la situation sanitaire. En janvier prochain on verra quelques élèves de fin de cycle venir s’intégrer à l’orchestre le temps d’un concert ; une sorte de compagnonnage.
D’ici là, le 10 novembre, je dirigerai un programme, avec Pierre Génisson à la clarinette, qui réunira l’ouverture du Freischütz et le 2e Concerto pour clarinette de Weber, la Symphonie n° 22 « Le Philosophe » de Haydn et, en création, le Concerto breve pour clarinette et cordes de Nicolas Bacri – une commande du Concours Jacques Lancelot, qui n’a pas pu se dérouler cette année.
"Beethoven si tu nous entends", Klarthe (sortie officielle le 4/12/2020)
Où en êtes vous de vos activités avec la Symphonie de Poche et Phiharmonicœur ?
N.S. : Côté Symphonie de Poche, la sortie de notre prochain disque approche et nous avons un concert de prévu à cette occasion, le 8 décembre à Paris, au Bal Blomet. Nous avons enregistré un programme intitulé « Beethoven si tu nous entend ». Il s’agit d’une grande symphonie-hommage en cinq mouvements imaginée par Robin Melchior qui a puisé son matériau dans la musique de Beethoven. Chaque partie s’intéresse soit à une période de la vie du compositeur ou à un trait de son caractère. Ce programme Beethoven sera redonné plusieurs fois en concert au printemps prochain.
En ce qui concerne Philharmonicœur, nous sommes en train de construire le second rassemblement. Le premier avait eu lieu à Stains en décembre 2019, un moment très fort avec les musiciens et les personnes qui sont venues y assister. Nous sommes en discussion avec le théâtre d’Argenteuil pour le prochain rassemblement ; nous avions pensé à juin, mais ce sera vraisemblablement plus tard dans le cours de 2021.
Propos recueillis par Alain Cochard, le 24 octobre 2020
Boieldieu : La Dame Blanche
Les 6 novembre (à 18h) et 7 novembre (17h30) 2020
Compiègne – Théâtre Impérial
http://www.theatresdecompiegne.com/
Reprises du 20 novembre 2020 au 5 février 2021, à Tourcoing, Dunkerque, Quimper, Rennes, Rennes, Besançon, Amiens : calendrier détaillé sur www.lacoopera.com/tour
Orchestre de Caen : www.orchestredecaen.fr
Symphonie de Poche : www.lasymphoniedepoche.com/
Philharmonicœur : www.lephilharmonicoeur.com
Nicolas Simon : www.nicolas-simon.fr/
Photo © Natacha Colmez
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